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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 18:35

Dans un arrêt en date du 11 octobre 2012, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour violation de son obligation de mettre en place des dispositifs législatifs et administratifs visant à lutter efficacement contre la servitude et le travail forcé[1].


La décision de la CEDH concerne deux sœurs burundaises orphelines de 16 et 10 ans qui, fuyant la guerre civile dans leur pays d’origine, furent accueillies, respectivement en 1994 et 1995, chez leur oncle et tante, ressortissants burundais vivant à Ville d’Avray avec leurs sept enfants, dont l’un était handicapé. Les deux sœurs qui logèrent au sous-sol du pavillon affirment avoir été chargées, dès leur arrivée, de toutes les tâches ménagères et domestiques, sans rétribution ni jour de repos. L’aînée précise également avoir dû s’occuper de son cousin handicapé, y compris la nuit, ainsi que de l’entretien du jardin. Elles indiquent par ailleurs avoir vécu dans de mauvaises conditions d’hygiène[2], sans être admises à la table familiale. Elles ajoutent avoir subi quotidiennement des brimades physiques et verbales de la part de leur tante, qui les menaçaient de les renvoyer au Burundi.


En décembre 1995, le service public départemental d’action sociale des Hauts de Seine procéda à un signalement d’enfants en danger auprès du procureur de la République de Nanterre, arguant d’un risque d’exploitation de ces enfants « à des tâches ménagères notamment », mais le dossier fût classé sans suite après enquête de la brigade des mineurs. Le 4 janvier 1999, l’association "Enfance et Partage" procéda à un nouveau signalement. Les enfants s’enfuirent du domicile dès le lendemain.


L’immunité de Monsieur M., ancien ministre du gouvernement burundais et fonctionnaire de l’Unesco, fût levée, ainsi que celle de sa femme. Poursuivis devant le tribunal correctionnel, ils furent déclarés coupables des faits de soumission contraire à la dignité de la personne et condamnés par jugement du 22 janvier 2007.

Mais la Cour d’appel de Versailles, par arrêt du 29 juin 2009, relaxa les époux du délit de soumission de personnes vulnérables dont au moins un mineur à des conditions de travail et d’hébergement indignes, au motif que l’élément intentionnel n’était pas caractérisé. Toutefois, le juge de Versailles confirme la culpabilité de Madame M. du délit de violences aggravées sur la plus jeune des deux filles. Saisie de l’affaire, la Cour de cassation rejeta les pourvois formés contre cette décision.


Pour la Cour européenne, ‘‘le travail forcé ou obligatoire’’, au sens de l’article 4. 2 de la Convention, désigne « un travail exigé sous la menace d’une peine quelconque » et « contraire à la volonté de l’intéressé, pour lequel celui-ci ne s’est pas offert de son plein gré ». La Cour relève que le travail demandé à l’aînée ne s’apparentait pas à ce qui peut être exigé légitimement au titre de l’entraide familiale ou de la cohabitation, mais au contraire, était tel que sans son aide les époux M. auraient dû recourir aux services d’une employée de maison rémunérée. La menace d’un renvoi au Burundi constituait bien par ailleurs la « menace d’une peine quelconque ». Enfin, sans qualification professionnelle, cette situation ayant duré quatre ans, la Cour estime que cette jeune fille a été maintenue en état de servitude.

L’État français est donc condamné sur le fondement de l’article 4 de la Convention[3], les dispositions du Code pénal en vigueur au moment des faits et leur interprétation n’ayant pas assuré une protection concrète et efficace de la victime, d’une part, la Cour de cassation n’ayant été saisie que du volet civil de l’affaire, en l’absence de pourvoi du procureur général à l’encontre de l’arrêt du 29 juin 2009, d’autre part.

 

Source : CEDH, 11 oct. 2012, n° 67724/09

© LexisNexis SA

 



[1] CEDH, 11 oct. 2012, N°67724/09, C.N. et V. c/ France. - V. dans le même sens, CEDH, 26 juill. 2005, N°73316/01, Siliadin c/ France.

[2] Les mauvaises conditions d’hygiène sont relatives à l’accès limité à la salle de bains, à la mise à disposition de toilettes de fortune.

[3] L’article 4 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales est relatif à l’interdiction de l’esclavage et du travail forcé.

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 18:14

Un projet de loi ouvrant droit au mariage pour les personnes de même sexe sera présenté en Conseil des ministres en France le 31 octobre prochain. Le texte du Gouvernement modifiera les règles actuelles du mariage en disposant que : « le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe ». Selon le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, « cette évolution majeure de notre Code civil mettra en œuvre l’engagement 31 du Président de la république, François Hollande, qui est l’ouverture du droit au mariage de personnes de même sexe et, par voie de conséquence, de l’adoption aux couples mariés de même sexe ».

 

Ce texte, sur lequel le Premier ministre a rendu ses arbitrages, doit permettre aux couples de même sexe d’adopter des enfants, à l’instar des couples hétérosexuels mariés et des personnes célibataires. Pour le Premier ministre, il s'agit « d'une décision de justice et d’égalité, qui prend acte de l’évolution de notre société ».

 

Les autres questions comme la procréation médicalement assistée, l’autorité parentale ou l’adoption conjointe pour couples non mariés pourraient être abordées dans « une loi complémentaire qui pourrait être une loi sur la famille, qui permettra de poursuivre le débat », a indiqué le chef du Gouvernement.

 

Source : Premier ministre, 11 oct. 2012

 © LexisNexis SA

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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 15:46

« Le développement de l'Afrique, la Responsabilité de Qui ? » c'est par cette accroche sobre, en point d'interrogation, que la Commission de l'Union Africaine célèbre, ce 27 mai, la journée de l'Union Africaine au grand hôtel Kempinsky de Genève.

 

C'était en effet le 25 mai 1963 que l'Organisation de l'Unité Africaine a vu le jour avec l'objectif d'instaurer un espace d'unité et d'intégration du Continent africain. Quelque 46 ans sont passés depuis lors et, aujourd'hui encore, les barrières à l'intégration sont nombreuses du Cap au Caire. Le commerce interafricain n'a pas décollé. Où en est-on ?

Le caractère multilatéral de Genève permettra sans doute aux responsables qui assisteront à ce forum, dont la délégation venue d'Adis Abeba et conduite par le Gabonais Jean Ping, Président de la Commission, d'aborder sans contrainte les grandes questions de l'heure. Il s'agit, expliquent les organisateurs, de démonter à la communauté internationale et au monde que « l'Afrique n'est pas un Continent qui s'effondre sous la pression des conflits, des famines, situations certes déplorables mais souvent amplifiées outre mesure par la désinformation qui occulte l'Afrique positive, qui continue à faire des progrès sur les plans institutionnel, culturel, social et économique ».

 

Bref, pour la Commission de l'Union Africaine, « une nouvelle Afrique est possible, une Afrique qui refuse le misérabilisme et qui croit en ses atouts sur tous les plans, une Afrique consciente de ses défis mais déterminée à les relever ». Cet élan d'optimisme, joint au désir de tisser des partenariats d'égal à égal avec le reste du monde, constitue une nouvelle donne dans la pensée politique et économique africaine qui s'est bornée jusque-là, y compris à travers le Nepad, à clamer son droit d'être soutenu par un plan Marshall.

 

Par MBF

Source : http://www.lesafriques.com

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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 10:17
Selon Festus Mogae, ancien président du Botswana et président du Conseil de la Coalition pour le dialogue sur l'Afrique (CoDA)[1], « Tout n'est pas de la faute des étrangers et des intérêts étrangers. Certaines des responsabilités sont les nôtres et nous voulons être en mesure de le dire ». Les Africains doivent donc cesser de renvoyer la responsabilité à autrui et accepter la leur pour certains des problèmes de leur continent.


Tout en soulignant que le CoDA était financé et dirigé par des intérêts africains et qu'il n'hésiterait pas à débattre de questions controversées telles que les problèmes électoraux, la mauvaise gouvernance, la corruption, M. Mogae affirme qu'il est « important que les Africains puissent en débattre de façon ouverte ».


Le Fonds monétaire international (FMI) a mis l'accent sur l'aide en faveur de l'Afrique et la reprise des négociations commerciales. Craignant que les progrès économiques de l'Afrique ne soient annulés en raison du ralentissement mondial, le FMI engage les pays avancés à honorer leurs engagements en matière d'aide, et même à les accroître, et appelle à une reprise des négociations sur le commerce mondial.


Beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne ont enregistré ces dernières années une croissance vigoureuse qui leur a permis de renforcer leurs bilans. La mise en oeuvre de politiques économiques saines, l'existence d'une conjoncture favorable et l'accroissement de l'aide extérieure sous la forme d'un allégement de la dette ou d'une augmentation des flux ont contribué à cet essor.

 
Les chocs des prix des produits alimentaires et énergétiques de 2007-08, qui ont précédé l'actuelle crise financière mondiale, ont cependant affaibli la position extérieure des importateurs nets, attisé l'inflation et pesé sur les perspectives de croissance. La crise financière accroît la complexité de la tâche à laquelle doit s'atteler la région à l'heure où elle s'efforce de consolider les acquis macroéconomiques et d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement  (OMD).


Source : ONU



[1] La coalition est un projet commun de la Banque de développement africaine, de la CEA, avec le soutien de la Commission de l'Union africaine.

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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 12:03
Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a condamné les menaces et méthodes d'intimidation utilisées par certains groupes envers les écoliers et les professeurs d'écoles à Antananarivo le 4mars dernier, soutenant le fait que les écoles doivent être des havres de paix et sécurité. Selon la convention des droits de l'enfant des Nations Unies, chaque enfant de moins de 18 ans a le droit au respect de sa personne et a un bien-être physique et psychosocial dans le cadre familial, communautaire et éducatif. Chaque enfant doit être protégé contre les actes de violence et d'intimidation. Chaque enfant a le droit a l'éducation...


L'UNICEF demande à tout le monde de respecter les droits fondamentaux des enfants et de s'abstenir d'actions qui pourrait mettre les enfants en péril. La mission de l'UNICEF est de défendre les droits des enfants, d'aider à subvenir a leur besoins essentiels et leurs fournir des opportunités de développement dans n'importe quelle circonstance. Dans ce but, l'UNICEF fonde son travail à Madagascar depuis 1991 sur les articles et les principes de la convention des droits de l'enfant des Nations Unies, et ne prend pas partie dans les conflits politiques.

 

Source : ONU

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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 12:40
Le nombre de personnes de plus de 50 ans ayant le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) dans le monde pourrait augmenter, mais les plus de 50 ans sont rarement testés pour le virus et le diagnostic est souvent repoussé. De plus, ces personnes ont plus tendance à avoir des rapports sexuels non protégés et, une fois déclarées positives, le virus progresse plus rapidement, plus les personnes sont âgées.


Selon le Dr George Schmid, la proportion des personnes de plus de 50 ans chez les individus vivant avec le HIV est passée de 20 à 30% entre 2003 et 2006. Une analyse préliminaire de données des pays en voie développement révèle une grande proportion de personnes infectées dans cette tranche d'âge. La fréquence des infections est particulièrement surprenante dans la mesure où l'espérance de vie après le diagnostic, qui est de plus de 13 ans pour les enfants infectés entre 5 et 14 ans, décline à 4 ans pour les personnes de plus de 65 ans.


Si le recours aux thérapies antirétrovirales, qui augmente l'espérance de vie des personnes vivant avec le HIV, pourrait expliquer la prévalence du sida chez les plus de 50 ans, les scientifiques suspectent également que beaucoup de personnes rentrent en contact avec le virus plus tard dans la vie. Le docteur Schmid déclare que « la fréquence de ces infections au VIH est inquiétante. Nous devons comprendre pourquoi et quand ces personnes deviennent infectées pour que les campagnes de santé publique puissent être mieux ciblées pour prévenir ces infections ».


Source : ONU

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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 11:52

La crise financière mondiale s'étend bien au-delà de Wall Street et du secteur bancaire européen, elle a désormais des conséquences sur la vie des personnes les plus vulnérables du globe, selon une analyse menée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Préparée par l'équipe du Rapport Mondial de Suivi sur l'Education pour Tous et présentée lors de la première séance du Forum du Futur, l'analyse a été consacrée à l'impact de la crise économique et financière sur le multilatéralisme et l'UNESCO.



M. Koïchiro Matsuura, Directeur Général de l'UNESCO



Les auteurs se penchent sur l'impact potentiel de la récession économique sur les objectifs de développement humain fixés par la communauté internationale. Ils estiment que la baisse de croissance prévue pour 2009 coûtera aux 390 millions de personnes d'Afrique sub-saharienne vivant dans une pauvreté extrême, 18 milliards de dollars, soit 46 dollars par personne. La perte envisagée représente 20 % du revenu par habitant chez les populations pauvres d'Afrique --; un chiffre qui dépasse de très loin les pertes subies dans le monde développé.

Selon Kevin Watkins, directeur du Rapport Mondial de Suivi de l'UNESCO, "de tels chiffres vont se traduire dans les régions qui enregistraient des progrès en matière de réduction de la pauvreté par une pause inquiétante".


Cette étude met également en lumière le fait que le développement humain risque de subir un impact plus large, notamment avec une perspective d'augmentation de la mortalité infantile, comprise entre 200 000 et 400 000 enfants. La malnutrition, qui va déjà crescendo, sera l'une des causes principales de la hausse du taux de mortalité chez les enfants. Patrick Montjourides pense qu'à cause de cette crise financière, « des millions d'enfants sont confrontés à la perspective de souffrir de lacunes cognitives irréversibles sur le long-terme ».


La faible capacité fiscale des pays les plus pauvres limite leur possibilité de protéger leurs citoyens de la crise. En utilisant un nouvel indicateur de capacité fiscale prenant en compte les déficits budgétaires, les ratios dette publique/PIB, recettes/PIB et aide/PIB, l'analyse estime que 43 pays à faible revenu sur 48 n'ont pas la capacité de mettre en place des mesures fiscales incitatives en faveur des populations pauvres.


Les contraintes fiscales sont particulièrement fortes dans les pays qui sont loin d'atteindre les objectifs de développement humain fixés par la communauté internationale. Dans une estimation portant sur 43 pays considérés par la Banque Mondiale comme très vulnérables, on constate que 27 de ces pays les plus éloignés de l'éducation primaire universelle ne disposent pas de marge de manœuvre fiscale. Il y a un risque réel que ces pays, dont beaucoup avaient fait des progrès en matière d'éducation primaire, essuient désormais des revers. Le groupe des pays à risque comprend le Mozambique, l'Ethiopie, le Mali, le Sénégal, le Rwanda et le Bangladesh.

Une aide accrue pourrait aider à réduire la pression fiscale, mais les budgets d'aide au développement sont soumis à une pression croissante. L'étude estime que l'engagement de l'UE - fournir d'ici à 2010 une aide équivalent à 0,56 % du PIB - va être revu à la baisse, en raison des projections de croissance pessimistes. La valeur financière réelle de cet engagement en 2010 devrait être réduite de 4,6 milliards de dollars.


"Les donateurs pourraient clairement faire beaucoup plus pour protéger les populations les plus pauvres de la planète d'une crise engendrée par les financiers les plus aisés et née d'une défaillance de contrôle dans les pays riches,"; a ajouté Kevin Watkins. Il souligne l'ampleur de l'écart entre les 7 milliards de dollars d'aide estimés nécessaires pour permettre aux pays à faible revenu d'atteindre les objectifs clés en matière d'éducation, et les 380 milliards de dollars d'argent public injectés dans les systèmes bancaires au cours du dernier trimestre 2009.

Le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura déclare : « Nous ne pouvons pas laisser les pays riches se servir de la crise comme d'une excuse pour tourner le dos aux pauvres de la planète... Les mesures de relance de la croissance et de stabilisation du système financier doivent être couplées avec des efforts accrus en vue de résoudre les problèmes structurels de pauvreté et d'inégalité ».


Les auteurs appellent à un effort international concerté visant à limiter l'impact de la crise financière sur les populations pauvres. Les mesures requises comprennent, notamment, une augmentation de plus de 500 milliards de dollars des droits de tirages spéciaux sur le FMI, ainsi que des réformes en matière de gouvernance afin de donner davantage de poids aux pays en voie de développement. Ils demandent également à l'UE de fournir 4,6 milliards de dollars d'aide supplémentaire. Selon eux, ce complément d'aide financière pourrait servir à mettre en place des programmes de couverture sociale et des filets de sécurité en faveur des populations les plus vulnérables.


Source : ONU

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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 18:18
Par Itai Madamombe
 
Sous un soleil implacable, une douzaine de personnes attendent obstinément leur tour devant la minuscule case au toit couvert de paille où trône Nhamburo Masango, guérisseur traditionnel du Zimbabwe, entouré d’herbes, d’os et d’autres remèdes. La longue file d’attente sinueuse ne décourage apparemment personne.
 
De nombreux Zimbabwéens peu fortunés n’ont pas d’autre choix. Les guérisseurs traditionnels sont souvent le premier et le dernier rempart contre les maladies contagieuses et débilitantes qui leur gâchent la vie. Des praticiens comme M. Masango continuent de jouer un rôle central dans la vie de nombreux habitants. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 80 % des Africains font régulièrement appel à leurs services.
Mais, dans la plupart des cas, les guérisseurs opèrent en dehors des structures de santé établies. Il arrive que certains patients, préférant les guérisseurs, ne tiennent pas compte des conseils de leur médecin ou prennent des remèdes à base de plantes médicinales susceptibles de présenter des risques d’interactions dangereuses avec des produits pharmaceutiques.
 
“Cela fait longtemps que nous disons aux pouvoirs publics qu’ils ne peuvent faire cavalier seul dans le domaine des soins de santé”, a expliqué en août dernier à un journaliste, Gordon Chavhunduka, directeur de l’Association nationale des guérisseurs traditionnels du Zimbabwe. “Il y a eu beaucoup de tensions entre les pouvoirs publics et nous-mêmes quant à notre utilité.” Les frais médicaux prohibitifs empêchent également les pauvres de bénéficier de soins médicaux, ajoute-t-il. Les malades choisissent alors des guérisseurs traditionnels.
 
Et ce n’est pas seulement une question d’accès. La médecine traditionnelle relève d’un système de pensées qui reste essentiel dans la vie de la plupart des Africains. Les malades consultent des guérisseurs traditionnels, qu’ils aient ou non les moyens d’accéder à des services médicaux. Dans mon cas, j’aurais pu bénéficier des meilleurs soins de santé que le Zimbabwe puisse offrir. Deux semaines avant de faire un séjour dans mon pays d’origine, je m’étais soumise à un examen médical complet dans l’un des meilleurs hôpitaux de la ville américaine de Boston, où je vivais à l’époque. Au Zimbabwe, je n’avais pas absolument besoin de soins médicaux mais ma mère avait insisté pour que je fasse un autre “bilan de santé” avant de repartir aux Etats-Unis.
 
Les médecins formés selon l’approche occidentale mettent principalement l’accent sur les causes biomédicales des maladies, tandis que selon les croyances traditionnelles, l’approche est plus holistique. Au Zimbabwe, les guérisseurs traditionnels ont la réputation de deviner la cause d’une maladie ou des problèmes sociaux dont souffre une personne en lançant des os qui leur permettent d’interpréter la volonté d’ancêtres défunts. Beaucoup ont une connaissance approfondie des substances que l’on trouve dans les plantes et de leurs divers pouvoirs curatifs. Ils se servent de feuilles, de graines, de tiges, d’écorces ou de racines pour traiter différents symptômes. Des substances animales ou des minéraux sont également employés, mais dans une moindre mesure. La plupart des guérisseurs traditionnels sont à la fois herboristes et devins, certains se spécialisant dans un domaine plutôt que l’autre.
 
Réglementer les guérisseurs traditionnels
 
Le gouffre qui sépare médecins et guérisseurs traditionnels s’est quelque peu résorbé au cours des dix dernières années. L’OMS préconise d’intégrer au système de soins de santé primaire des pratiques de médecine traditionnelle qui sont sans danger et ont fait leur preuve. En 2002, l’organisation a publié ses premières directives complètes visant à aider des pays comme le Zimbabwe à réglementer la médecine traditionnelle.
Le gouvernement zimbabwéen a annoncé en juillet qu’il allait régulariser ce secteur. Il est notamment prévu de constituer un conseil des guérisseurs. Le Ministre de la santé et de l’enfance, David Parirenyatwa, s’est déclaré préoccupé par le fait que certains guérisseurs prétendent avoir des remèdes à des maladies mortelles, dont le VIH/sida. Il n’est pas possible d’évaluer ces affirmations sans un conseil représentant tous les guérisseurs, a-t-il expliqué.
 
“Il est nécessaire de standardiser dans une certaine mesure les activités”, a proposé le docteur Parirenyatwa au cours d’une réunion avec des guérisseurs traditionnels locaux. Par exemple, les malades devraient pouvoir consulter des guérisseurs traditionnels immatriculés et agréés, dans des locaux adéquats. A l’heure actuelle, les guérisseurs travaillent dans toutes sortes d’endroits, comme des relais de camionneurs et des arrière-salles. Cela doit changer.”
 
L’Afrique du Sud est à la pointe des efforts menés sur le continent pour soumettre les guérisseurs traditionnels à un cadre juridique. Au début de l’année 2005, le parlement a adopté une loi visant à reconnaître comme prestataires de services de santé les quelque 200 000 guérisseurs que compte le pays. Certains y ont vu une mesure importante visant à éliminer les charlatans et à protéger les patients, mais ce n’est pas l’avis de tout le monde. Doctors for Life, qui représente plus d’un millier de professionnels de la santé de l’Afrique du Sud, s’est opposé à ce projet de reconnaissance des guérisseurs.
 
“La plupart des médicaments employés par les praticiens traditionnels n’ont pas été validés par des recherches scientifiques, estime Doctors for Life. Beaucoup de personnes souffrent de complications graves provenant de l’usage de médicaments traditionnels.” Ce groupe a déclaré en guise d’avertissement qu’une telle loi risquait d’ouvrir la voie à de multiples controverses juridiques et à des complications médicales.
 
D’autres prestataires de soins médicaux font remarquer que les guérisseurs traditionnels fournissent déjà des services à l’échelle locale, avec ou sans l’approbation de la loi. Le fait de les rallier au sein des structures de santé primaire renforcerait donc – au lieu de freiner – les efforts visant à éliminer les pratiques nocives.
 
Guérisseurs et médecins
 
Il est de plus en plus admis que les guérisseurs traditionnels et les médecins occidentaux peuvent unir leurs efforts pour améliorer le bien-être des patients, notamment lorsqu’il s’agit d’élaborer de nouveaux médicaments, de signaler des cas de maladie contagieuse et de trouver des moyens de veiller à ce que les patients suivent le traitement qui leur a été prescrit.
 
En Tanzanie, l’Institut de médecine traditionnelle de Dar es-Salaam a mis en place un programme pilote visant à évaluer dans quelle mesure les plantes de la région permettent de réduire la gravité des maladies que l’on rencontre souvent chez des patients séropositifs. Des herboristes donnent à l’Institut la permission d’évaluer les substances qu’ils utilisent pour traiter les patients. Si les scientifiques mettent en évidence des substances bénéfiques dans les plantes, ils les purifient et déterminent quel devrait être le dosage adéquat. Cela permet de répondre à l’inquiétude que suscite parmi certaines personnes la prescription de médicaments par des guérisseurs traditionnels.
 
“Nous reconnaissons que certaines plantes réagissent favorablement à certaines des maladies liées au VIH/sida et il faut les étudier pour comprendre leur fonctionnement”, explique le docteur Edmund Kayombo, qui aide l’Institut à évaluer l’efficacité des plantes médicinales traditionnelles. Parmi ces plantes figurent des remèdes visant à renforcer le système immunitaire, à accroître l’appétit et à traiter le muguet buccal, les éruptions cutanées et la diarrhée. On ne peut pas s’attendre à ce que ces plantes guérissent du VIH, dit-il, mais elles peuvent atténuer certains des symptômes souvent présents chez les personnes séropositives.
 
Les guérisseurs traditionnels peuvent s’avérer particulièrement efficaces lorsqu’il s’agit de surveiller des flambées épidémiques. Ils vivent au sein même des communautés et sont souvent les premiers à constater l’apparition de nouvelles maladies. Mmes Nora Groce et Mary Reeve, anthropologues médicales, estiment que l’établissement de réseaux de communication entre les guérisseurs traditionnels et les communautés médicales permettrait d’améliorer considérablement la surveillance des maladies. Les responsables de la santé doivent faire une place aux guérisseurs traditionnels dans leurs campagnes d’information destinées aux médecins et doivent savoir quelles informations demander aux guérisseurs.
 
“Il faut expliquer aux guérisseurs traditionnels pourquoi, quand et comment signaler aux responsables locaux des symptômes inhabituels observés chez leurs patients”, expliquent Mmes Groce et Reeve. Des listes ou des descriptifs visuels des symptômes, des maladies et des modes de transmission pourraient faciliter la communication entre guérisseurs et responsables, ajoutent-elles.
 
Dans une certaine mesure, un système informel d’aiguillage des patients existe déjà entre praticiens traditionnels et médecins. Mais les guérisseurs déplorent que l’information ne circule principalement que dans un sens. “Les guérisseurs traditionnels envoient déjà des lettres de recommandation aux dispensaires”, remarque le docteur James Hartzell, professeur à la faculté de médecine de l’Université KwaZulu/Natal en Afrique du Sud. Ils “demandent simplement à l’équipe biomédicale, qui leur est souvent hostile, de leur transmettre en échange au moins des informations de base, par exemple le type de traitement prescrit aux patients”.
 
Le docteur Hartzell participe à un projet visant à améliorer la collaboration entre médecins et guérisseurs s’occupant de patients atteints du VIH/sida. Il s’agit notamment de former 350 guérisseurs à la prévention, aux services volontaires de conseils et de dépistage, aux soins à domicile et aux traitements antirétroviraux. Il estime que les patients écoutent les guérisseurs traditionnels, ce qui donne à ces derniers la possibilité “d’influer considérablement sur l’observance du traitement et la prise en charge des patients, dans le cadre d’une bonne collaboration avec l’équipe biomédicale”.
 
Meilleur suivi des traitements
 
Les guérisseurs traditionnels constituent déjà une source respectée d’information et de traitement. Si on leur donne les compétences et les moyens nécessaires, ils sont bien placés pour jouer un rôle plus important dans la lutte contre les grandes maladies de l’Afrique.
L’incidence de la tuberculose était en hausse dans le district de Hlabisa dans le KwaZulu/Natal, ayant augmenté de 360 % dans les sept années qui ont précédé 1999. Il est facile de guérir les patients de la tuberculose s’ils prennent un médicament tous les jours et suivent le traitement dans son intégralité. Mais beaucoup abandonnent ce traitement qui dure de six à huit mois. Cependant, un partenariat novateur entre médecins et praticiens traditionnels contribue à réduire la progression de la maladie, en formant des guérisseurs à superviser et à consigner par écrit les doses prises par chaque patient pour faire en sorte qu’ils suivent bien leur traitement.
“On nous a également expliqué les symptômes de la tuberculose ; quand nous les détectons chez d’autres patients, nous pouvons ainsi les envoyer faire un test de dépistage”, raconte Jack Nyawuza, l’un des 25 guérisseurs traditionnels qui ont choisi de participer à ce programme. Ces informations s’ajoutent à ce que nous apprenons dans notre formation de guérisseur.” Les patients étaient ravis que les guérisseurs aient suivi cette formation : ces derniers habitent à proximité et peuvent faire des visites à domicile quand les patients sont trop malades pour se déplacer.
 
Les résultats obtenus ont été remarquables : 89 % des patients encadrés par des guérisseurs traditionnels ont achevé leur traitement, contre 67 % des patients encadrés par d’autres bénévoles. Et le taux de mortalité des patients des guérisseurs traditionnels était inférieur de deux tiers. Les guérisseurs apprécient le nouveau respect que leur témoignent les milieux médicaux. “J’ai été formé pour aider et pour guérir ; superviser des traitements de tuberculose s’inscrit donc dans le prolongement de ma profession”, affirme M. Nyawuza.
Nombre de guérisseurs traditionnels sont disposés à accepter des principes de médecine occidentale. Au Zimbabwe, à la suite d’une campagne gouvernementale de grande envergure visant à mettre fin aux pratiques susceptibles de favoriser la transmission du VIH, les guérisseurs ont condamné l’usage sur plusieurs personnes de lames de rasoir servant à pratiquer une incision cutanée lorsqu’un médicament doit être administré directement sous la peau d’un patient.
 
Les médicaments que m’a prescrits M. Masango ne nécessitaient aucune incision – heureusement car je suis très sensible à la douleur. Je garde la racine rouge douce-amère qu’il m’a prescrite pour des maux de tête à côté du médicament Imitrex de GlaxoSmithKline. Je bénéficie ainsi de ce que les deux mondes ont de mieux à offrir.
 
Source : Afrique Renouveau, Vol. 19 #4 (Janvier 2006), page 10
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13 mars 2007 2 13 /03 /mars /2007 16:55
 
Les violences et les trafics prenant les femmes pour victimes ont mobilisé l'ONU lors d'une conférence internationale de l'agence contre la drogue et le crime et devant la Commission de la condition de la femme.  Selon Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, « Il ne devrait pas y avoir de place au XXIème siècle pour le travail forcé ou l'exploitation sexuelle. Le fait qu'il existe des formes d'esclavage dans notre monde d'aujourd'hui devrait nous remplir de honte. En tant que femme africaine, j'ajoute que cela me remplit également de rage ».
Rappelant que la traite des femmes et des filles « ne respecte aucune frontière » et que la réponse à ce fléau exige une coopération transfrontalière, la diplomate d’origine tanzanienne, qui s'exprimait devant les participants à la Conférence internationale sur la traite des femmes et des filles, organisée par l' Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a encouragé les parties à se joindre à l'Initiative mondiale sur la lutte contre la traite des êtres humains et les formes modernes de l'esclavage, lancée par les Nations Unies, l'année dernière à Vienne.
Dans la même logique, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, Ann Veneman, a estimé que la violence contre les femmes et les filles est « l'une des formes les plus extrêmes de l'inégalité entre les sexes ». Devant la Commission, elle a affirmé que l'éducation est un élément clef dans la lutte contre la discrimination et la violence contre les filles et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement  (OMD). Elle fera même observer que « Éduquées, les filles sont mieux à même de se protéger contre les maladies mortelles et de donner naissance à des bébés en bonne naissance ».
 
Source : ONU
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22 novembre 2006 3 22 /11 /novembre /2006 18:18
Par Akam Akamayong
Un jeune camerounais a été retrouvé mort samedi 18 novembre 2006 dans un train d’atterrissage d’un avion Air France en provenance de l’île de Saint-Martin dans les Antilles. Un corps qui se trouvait là depuis probablement plusieurs jours. Et qui tombe en plein pendant la Journée mondiale de l’enfant ...
Une pratique malheureusement qui tend à se banaliser sur le continent, une de plus, qui ne reçoit aucun traitement ni prise de conscience appropriée, symptôme des aspects totalement agonisants des sociétés politiques africaines. Il n’y a rien de plus inquiétant que de voir tout un pan de la jeunesse se jeter à l’assaut d’une Europe, d’un monde occidental dans lesquels au mieux elle sera reléguée à la subalternitude, pourchassée pour raison d’illégalité de séjour et couverte de l’opprobre d’une origine qu’il ne fait pas bon porter par devers soi.
Cette tragédie commence en 1998 lorsque le monde découvre ce qu’il fait semblant de ne pas savoir. La destruction organisée de l’espoir dans les territoires de prédation occidentale, marqués par les plus criminelles des politiques d’ajustement structurel, et une paupérisation radicale des populations laborieuses, dans le contexte d’un étouffement politique maquillé de pluralisme électoral. En novembre 1998, à l’aéroport international de Zurich, le corps sans vie d’un camerounais de 15 ans tombe congelé sur la piste, échappé d’un train d’atterrissage du Boeing en provenance du Cameroun. Emotion, puis, plus rien.
Août 1999, aéroport de Bruxelles-Zaventem en Belgique. Fodé Touré Keita et Alacine Keita de 15 et 14 ans, vêtus de shorts et de chemisettes, chaussés de sandales avaient clandestinement embarqué dans le 747 Sabena, eux aussi avaient perdu la vie en tentant désespérément de croire follement à leur bonne étoile européenne. Camerounais, Guinéens, Congolais, Sénégalais ou autres jeunesses sont jetés dans l’errance par la violence économique confinant à l’horreur du sacrifice humain, laissant de côté tous ceux qui ne savent pas s’inscrire dans les réseaux délétères des rentes de matières premières et marchés publics, ceux dont le bras n’est pas assez long pour détourner quelques millions de Cfa. La crise de leadership intellectuel, moral, politique rend toutes les options, de la corruption, de la prostitution à la folie des traversées des mers ou à celles des trains d’atterrissage d’avions, également disponibles. Une jeunesse suicidaire est pourtant un gage de non avenir pour la société, mais le festin des avidités et les ripailles des ripoux ne sont pas prêts de s’arrêter.
Devant ces abattoirs humains, trains d’atterrissage, frontières à fils barbelés, ou plutôt asphyxie économique, les critiques stéréotypées des penseurs lassent et suscitent davantage la suspicion qu’autre chose. L’Afrique ne pourra pas se passer d’une grande initiative sur son destin, son avenir, celui de tous ses enfants dans le monde, sous peine d’une vraie gangrène de son être-au-monde. Il ne pourra plus s’agir des mêmes observations sur les dirigeants, les élites, les Occidentaux, argumentaires largement sassés et ressassés, impropres aujourd’hui à provoquer l’électrochoc nécessaire à remettre au moins le curseur de nos consciences sur l’indignation agissante, sur des initiatives de toutes natures et de tous lieux, en diaspora ou sur le continent, en politique, en économie, dans les arts et les spiritualités. Il faudra bien urgemment réagir devant cette jeunesse que l’on abat, cet avenir que nous nous interdisons en restant silencieux, complices ou attentistes, pusillanime ou apeurés.
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