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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 18:13

 L’OIT soutient l’action de 25 juges africains pour lutter contre les discriminations sexuelles dans les tribunaux mais les enjeux culturels demeurent le principal obstacle pour certains d’entre eux.

 

Cela peut prendre jusqu’à trois ans pour que des employés vivant avec le VIH/sida qui ont été licenciés voient leur plainte jugée devant les tribunaux du travail du Botswana. Dans l’intervalle, ils auraient pu mourir, explique le juge Annah Mathiba[1]. Depuis qu’elle a participé à une formation de l’OIT sur l’égalité entre hommes et femmes au travail, Mme Mathiba a commencé à chercher comment donner la priorité aux affaires concernant des employés vivant avec le VIH/sida. Elle déclare : « Quand je suis revenue de ma formation, ce que j’avais en tête, c’était de faire passer une proposition qui leur donnerait priorité, étant donné qu’en jugeant une affaire au bout de trois ans il y a de fortes chances que la personne ne soit plus là ».


Mme Mathiba était l’une des 25 juges africains venus d’Afrique du Sud, du Botswana, du Malawi, du Nigéria et de Zambie pour participer à une formation d’une semaine au centre de formation de l’OIT à Turin, en Italie, organisée par le Bureau pour l’égalité hommes-femmes de l’OIT. Le but était d’apporter à ces professionnels de la justice les connaissances dont ils avaient besoin en matière de droit international du travail afin de pouvoir les appliquer lorsqu’ils auraient à gérer les questions d’égalité hommes-femmes dans leurs tribunaux. Le VIH/sida – qui affecte de manière disproportionnée les femmes – était l’un des thèmes de la formation et a fait l’objet d’une recommandation de l’OIT.


Mme Mathibaexplique : « J’ai eu à traiter un cas où une employée s’est rendue à son travail un matin et a dit vouloir aller chez son docteur… Le patron a insisté pour qu’elle lui fournisse un certificat médical, a vu son statut sérologique et a saisi n’importe quelle occasion pour menacer son employée. Dans d’autres affaires, les employés sont contraints de subir un dépistage du VIH. S’ils refusent, ils sont renvoyés ». Dans bien des cas, la discrimination n’est pas si manifeste, ce qui rend plus difficile de faire respecter les normes internationales du travail.

 

Le plein exercice du droit


Mme Mathiba affirme qu’il fut une époque où le droit n’était pas très clair pour elle : « J’appliquais alors aveuglément les normes internationales du travail sans véritablement savoir d’où je tenais cette autorité ». Elle a maintenant repris ses fonctions. Elle dit qu’elle peut aborder ses affaires avec toute la légitimité que lui confèrent les normes internationales du travail, en particulier celles qui ont trait aux travailleurs domestiques et aux employés atteints du VIH/sida.


Elle témoigne que la formation lui a fait découvrir des normes internationales du travail qu’elle connaissait à peine auparavant. « En particulier, la recommandation n° 200 concernant le VIH et le sida qui est encore toute nouvelle et que nous n’avions jamais appliquée dans nos jugements du fait de notre ignorance. Maintenant que je la connais, c’est plus facile pour moi de rendre des jugements en m’appuyant sur des instruments juridiques internationaux ».

Jane Hodges, qui dirige le Bureau pour l’égalité hommes-femmes à l’OIT, confirme que la lutte contre les discriminations est une dimension primordiale de la campagne de l’OIT pour le « travail décent ». Pour Mme Mathiba, « il est d’une importance vitale que le droit, et la manière dont les tribunaux l’interprètent, fasse valoir l’égalité entre les sexes au travail. C’est la pierre angulaire sur laquelle repose tout le travail de l’OIT visant à promouvoir l’égalité entre les travailleurs et les travailleuses ». Elle ajoute que « sans de bonnes lois qui prennent en compte la dimension de genre, sans une interprétation adéquate et attentive à l’égalité des sexes de ces lois par les cours de justice, il ne saurait y avoir de réel progrès pour l’égalité hommes-femmes ».

 

Le droit à l’épreuve du monde réel


Mais les réalités juridique et tangible du monde ne coïncident pas toujours. Le juge Benedict Kanyip[2], lui, voit rarement des affaires de discrimination sexuelle dans sa juridiction, non pas qu’elles n’aient pas lieu dans le monde du travail nigérian puisqu’il a entendu parler de quelques cas flagrants de discrimination, mais que le problème est que la plupart des employés sont réticents à porter plainte devant les tribunaux.


Le juge nigérian affirme : « le handicap que nous avons, c’est que tant qu’un dossier n’est pas déposé les juges ne peuvent pas faire grand chose. L’égalité entre hommes et femmes est un enjeu mais c’est un problème qui comporte une dimension culturelle. Il y a un sentiment de honte à porter plainte pour harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Les victimes ne vont pas en justice pour se plaindre ». Il dit qu’il dispose désormais des outils et des instruments juridiques pour appuyer ces jugements mais il reconnaît que les outils ne servent à rien si les femmes et les hommes ne portent pas plainte. Il précise alors que « les gens doivent faire preuve de courage pour aller au tribunal. Même si vous les informez de leurs droits, cela ne suffit pas. Ils savent quand on leur fait subir quelque chose de répréhensible mais c’est la force d’aller en justice qui fait défaut ».

 

Source : OIT Info



[1] Annah Mathiba est juge à la Cour industrielle du Botswana, à Gaborone, la capitale.

[2] Benedict Kanyip, Juge et Président de la Cour industrielle du Nigéria à Lagos.

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 14:31

Le monde doit permettre aux filles de trouver leur juste place à la maison, à l’école et au travail – sur un pied d’égalité avec les garçons. Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a ainsi  plaidé pour l’adoption d’un ensemble de mesures visant à donner accès au progrès et à la justice sociale aux filles du monde entier.

Dans un discours prononcé à l’occasion de la première Journée internationale de la fille, M. Ryder a déclaré que les structures, les politiques et les valeurs actuelles qui maintiennent les filles dans une position d’infériorité devaient évoluer.

« Les inégalités entre les sexes qui se manifestent dès le plus jeune âge sont souvent, à long terme, sources d’inégalités qui se perpétuent dans le monde du travail. En dépit des principes, des valeurs et des droits si largement reconnus par la communauté internationale, les filles sont trop souvent laissées pour compte en raison de leur sexe. Cela doit cesser. »

Le terme de « fille » a de nombreuses connotations, mais on l’utilise généralement pour mettre l’accent sur la spécificité des problèmes rencontrés par les jeunes filles de moins de 18 ans.

Les deux thèmes de cette journée des Nations Unies sont le travail des enfants et les mariages précoces – des pratiques qui, pour Guy Ryder, « constituent un déni des droits de l’enfant et portent gravement atteinte à leur développement ». « De telles pratiques font peser un lourd fardeau sur la capacité de la société dans son ensemble d’atteindre ses objectifs de développement», a-t-il ajouté.

Près de 88 millions des enfants qui travaillent dans le monde sont des filles. Elles occupent souvent les emplois les plus mal rémunérés, les plus précaires, et subissent l’inégalité des sexes à la maison et sur leur lieu de travail. Celles qui travaillent à domicile demeurent invisibles et ne sont pas recensées.

M. Ryder a rappelé combien il était important d’investir dans ces filles – pour leur famille, leur communauté et pour la société. Néanmoins, les disparités en termes d’accès à l’éducation et de résultats scolaires font que 64 pour cent des adultes analphabètes sont des femmes.

Au côté des mesures destinées aux filles, M. Ryder a plaidé pour l’autonomisation des femmes et des mères à travers la création et l’accès à des activités génératrices de revenus et à la protection sociale.

Compte tenu de la crise économique mondiale actuelle, il a souligné que nous devions être «fermement résolus à renouveler notre engagement en faveur du progrès social et de la justice sociale pour bâtir un monde où les filles seront reconnues à leur juste valeur – à égalité avec les garçons –, à la maison et à l’école, et bien préparées pour entrer, le moment venu, dans le monde du travail».

 

Source : ILO.org

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 20:26

Dans la première interview qu’il a accordée en tant que Directeur général de l’Organisation internationale du Travail, Guy Ryder a donné un aperçu des grands défis auxquels sont confrontés le monde du travail et l’OIT.

Les normes internationales du travail doivent être préservées et promues si l’on veut que le monde sorte de la crise économique et de l’emploi, a mis en garde le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.

Dans sa première interview depuis qu’il a pris les rênes de l’OIT, M. Ryder a souligné l’importance des droits au travail. Dans un entretien à OIT Info, il a reconnu que si,la priorité numéro un des chômeurs était de trouver du travail, la qualité de l’emploi était aussi un enjeu majeur – non seulement pour les individus mais aussi pour l’économie mondiale.

«Les droits au travail sont indispensables à la reprise. Je pense que nous ne devrions pas laisser croire que créer davantage d’emplois veut dire renoncer aux normes internationales du travail.»

Guy Ryder a cité des statistiques montrant que la moitié des ménages pauvres d’Europe dépend d’un soutien économique unique par famille. Selon lui, cela illustre l’impératif de créer davantage d’emplois de qualité.

«Les normes établissent des règles du jeu pour l’économie mondiale et constituent une dimension essentielle pour sortir de cette crise.»

Avec 200 millions de personnes sans emploi dans le monde, les politiques nationales et internationales, dit-il, doivent faire dela création d’emplois la priorité majeure pour résoudre la crise économique mondiale. Mais les solutions à la crise devraient faire l’objet d’une négociation et d’un accord dans le cadre du dialogue social, a-t-il ajouté.

«L’OIT peut être très utile à cet égard. Quand les gens se rassemblent pour trouver des solutions qui peuvent entraîner des souffrances, des sacrifices en leur nom, ils sont beaucoup plus enclins à le faire s’ils ont été parties à la recherche d’un accord plutôt que les simples destinataires d’une décision prise par d’autres.»

«Cette crise doit être traitée à l’échelle où elle sévit, au niveau mondial. Nous devons élaborer des solutions globales. En fin de compte, il n’y aura pas de solutions nationales durables à une crise mondiale», a-t-il précisé.

L’emploi des jeunes

Guy Ryder a aussi évoqué la situation du chômage des jeunes, précisant que les jeunes devaient être ciblés de manière spécifique si l’on veut apaiser la crise mondiale du chômage qui les touche. Actuellement, 75 millions de jeunes gens sont privés de travail dans le monde.

«L’expérience démontre que si un jeune reste au chômage un an ou plus en début de carrière, cela l’affecte tout au long de sa vie professionnelle. Il n’y a pas de retour en arrière possible pour la plupart d’entre eux. Nous devons donc agir d’urgence, dès aujourd’hui, et nous devons donner la priorité aux jeunes.»

Les dispositifs de garantie pour les jeunes qui offrent une expérience professionnelle ou renforcent la formation devraient être explorés comme l’une des voies possibles pour traiter ce problème, a suggéré le Directeur général de l’OIT.

«Cela semble coûteux? C’est à notre portée! C’est un investissement, pas un coût. Et c’est l’une des priorités auxquelles l’OIT va devoir accorder toute son attention dans les mois à venir et dès maintenant, car il s’agit d’une urgence», a-t-il conclu.

 

Source : ilo.org

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 18:28

En 2003, l'Argentine a été l'un des premiers pays à intégrer le concept de Travail décent dans son agenda de développement national. Dès lors divers programmes gouvernementaux ont mis en pratique différents aspects de ce concept. En 2004, avec l'appui de l'OIT, le gouvernement argentin a lancé le projet 'Construire le futur avec le travail' dont l'objectif est de promouvoir et développer le sens de la dignité du travail. Une valeur qui peut s’apprendre dès l’école primaire.

Matías lève les yeux et ce qu’il voit amène un sourire crispé sur son visage. Face à lui, il n’y a pas seulement ses camarades de classe et d’autres élèves ; il y a aussi des enseignants, des directeurs d’école et des experts gouvernementaux. Et, comme si cela ne suffisait pas pour intimider un enfant de 13 ans, les ministres du Travail et de l’Education de l’Argentine viennent d’entrer dans la salle. Matías ne se laisse pourtant pas intimider et, discours en main, il prend la parole avec enthousiasme et décontraction. «Nous voulons l’égalité de chances, et nous ne voulons plus que certains enfants puissent aller à l’école alors que d’autres n’en ont pas la possibilité», dit-il. A côté de lui Maira, 15 ans, attend, inquiète. Lorsque son tour arrive, elle ajoute : «Nous voulons que nos parents puissent avoir un emploi digne et décent pour que nous autres, les enfants, ne soyons pas obligés d’aller travailler.» Et puis vient le tour d’un jeune de 20 ans, qui s’appelle aussi Matías, et qui dit : «L’école doit comprendre la situation des enfants qui travaillent. Nous proposons donc que des tuteurs puissent aider ces enfants. L’école “modèle unique” n’existe pas. Nous avons besoin d’une école qui accueille chacun d’entre nous.»

 

Ces propositions sont extraites des conclusions d’une «journée» sur le thème «Réfléchir sur le travail décent à l’école», organisée conjointement par les ministères du Travail et de l’Education de l’Argentine. Six cents élèves issus de 15 écoles secondaires de la banlieue de Buenos Aires y ont participé ainsi que des enseignants, des directeurs d’école et des équipes provenant des deux ministères. La consigne était simple : réfléchir sur la relation entre école et travail, et plus précisément sur l’école et le travail auxquels aspirent les élèves des deux sexes. Les deux plus hautes autorités du pays en matière d’éducation et d’emploi étaient venues pour les entendre exprimer leurs idées.

 

«Contrairement à ceux qui estiment que l’école “s’égare” lorsqu’elle évoque des thèmes tels que l’éducation sexuelle, le don d’organes ou le travail décent, nous croyons fermement que, lorsque l’école enseigne l’éducation sexuelle ou évoque le travail décent, elle fait précisément ce qu’elle est censée faire», a dit le ministre de l’Education, Alberto Sileoni. Le ministre du Travail, Carlos Tomada, s’est référé quant à lui à la demande des élèves concernant l’égalité de chances. «La construction de cette égalité est un choix que nous avons fait depuis 2003. Avec les cinq millions d’emplois que nous avons créés depuis lors, le projet “Construire l’avenir grâce au travail décent” constitue un défi fondamental, car non seulement nous devons retrouver des emplois, mais nous devons aussi retrouver la culture et les valeurs inhérentes au travail dans la dignité pour les transmettre aux nouvelles générations.»

 

Ce projet a vu le jour en 2004 grâce aux ministères du Travail et de l’Education nationale et au bureau de pays de l’OIT en Argentine. L’idée de base, qui n’a pas changé depuis, était de promouvoir et de développer en chaque individu le sens de la dignité du travail. (...) intégrant les principes et droits fondamentaux au travail et le concept du travail décent dans le programme d’enseignement des écoles moyennes. L’impact du projet transparaît également dans la joie éprouvée par Matías en entendant le ministre de l’Education reprendre ses propres paroles : «Les enfants souhaitent une école qui les prennent en compte. Ils ont mis à jour un concept très puissant que je veux faire mien: l’école “modèle unique” n’existe pas. Il doit y avoir une école pour chacun, c’est-à-dire non pas une école dans laquelle nous nous entassons tous comme nous le pouvons, mais une école qui sera la meilleure, pour chacun d’entre nous.»

Source : BIT

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 18:10

Cette année, la Journée internationale de la Femme – sous le thème : Rendons les femmes rurales autonomes, éliminer la pauvreté et la faim – met l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux inégalités entre hommes et femmes dans le secteur rural. Les femmes qui vivent et travaillent en milieu rural sont souvent perçues et traitées comme des citoyennes de seconde classe. Malgré le peu de reconnaissance accordée à leur travail, elles apportent une immense contribution socio-économique au bien-être de leur foyer et de leur communauté. Dans cet entretien, la Directrice du Bureau pour l’égalité entre hommes et femmes de l’OIT, Jane Hodges, aborde les nombreuses facettes du sort des femmes rurales.

1. Quelle est la situation en matière d’égalité entre les sexes dans le secteur rural ?

Environ 70 pour cent des pauvres dans le monde vivent dans des communautés rurales. Ces communautés dépendent de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de l’élevage pour gagner leur vie. Parmi eux, les plus pauvres d’entre les pauvres sont souvent des femmes et des jeunes filles: privées d’emploi décent et régulier, elles sont confrontées à la faim et/ou à la malnutrition et n’ont guère accès à la santé, à l’éducation et aux biens productifs. Bien que les inégalités entre hommes et femmes varient considérablement selon les régions et les secteurs, il est clair qu’à l’échelle mondiale les femmes en milieu rural sont souvent désavantagées par rapport aux hommes, qu’il s’agisse d’emploi salarié ou indépendant.

2. Pourquoi dans les zones rurales les femmes sont-elles généralement plus pauvres et confrontées à de pires conditions de vie que les hommes ?

Les raisons sont multiples. Lorsqu’elles débutent, les femmes sont sur-représentées dans les emplois de mauvaise qualité, notamment des emplois dans lesquels leurs droits ne sont pas convenablement respectés et leur protection sociale limitée. Une autre raison liée à cela est que les femmes sont habituellement moins bien rémunérées que les hommes (environ 25 pour cent de moins). Cela ne veut pas dire qu’elles travaillent moins, bien au contraire. Le problème est que l’essentiel du travail qu’elles accomplissent n’est pas valorisé ni rémunéré à juste titre. En fait, la plupart des femmes en milieu rural sont des membres de famille non rémunérés. Non seulement cela affecte leur revenu du travail mais cela peut aussi accroître leur stress et leur fatigue.

3. Quelles sont les causes de cette position désavantageuse pour les femmes ?

Dans l’emploi rural, les inégalités liées au sexe existent et persistent en raison d’une série de facteurs sociaux, économiques et politiques, tous liés entre eux. Cependant, un facteur pèse plus que tous les autres: le rôle invisible mais puissant des institutions sociales qui dépossèdent un sexe au profit de l’autre. Parmi ces institutions se trouvent les traditions, les coutumes et les normes sociales qui régissent le fonctionnement complexe des sociétés rurales, qui agissent comme une contrainte sur l’activité des femmes et restreignent leur aptitude à œuvrer sur un pied d’égalité avec les hommes. Nous ne voulons pas dire que les femmes citadines ne sont pas en butte à la pauvreté … mais le contexte des communautés rurales ajoute une contrainte supplémentaire à l’égalité des chances.

4. Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ces traditions et coutumes?

Oui. Voici un exemple qui va sembler authentique à quiconque a vécu ou travaillé dans une zone rurale isolée: la perception communément admise selon laquelle la femme a l’obligation de travailler à la maison, de cuisiner, nettoyer, et de s’occuper des enfants, des malades et des personnes âgées. En voici une autre: la croyance selon laquelle les femmes n’auraient pas la même aptitude à gérer les biens. L’idée que les femmes doivent obtenir une permission de leur mari ou de leur tuteur pour sortir de la maison. Il existe même des restrictions sociales – et parfois juridiques – qui empêchent les femmes d’accéder à la propriété ou à l’héritage. Ces pratiques sont extrêmement difficiles à éradiquer et nuisent à la capacité des femmes à s’épanouir en tant que membres productifs de la société; elles asphyxient l’autonomie économique des femmes.

5. En quoi les inégalités hommes-femmes dans l’emploi rural sont-elles importantes ?

Avant tout parce que ne pas donner l’égalité des chances aux femmes constitue une violation de leurs droits humains. Deuxièmement, parce que nous n’éradiquerons pas l’extrême pauvreté (un des objectifs du Millénaire pour le développement) tant que nous ne reconnaîtrons pas que les femmes représentent une fraction disproportionnée des plus pauvres dans les zones rurales. Troisièmement, et c’est quelque chose qui ne s’applique pas seulement aux zones rurales, l’égalité entre hommes et femmes est un choix judicieux sur le plan économique. Il est clairement établi qu’éduquer les femmes et leur offrir la possibilité d’accéder à un emploi qualifié rémunéré bénéficie à leur famille et à leur communauté de plusieurs façons: chute de la mortalité infantile, baisse du taux de fertilité, amélioration de la santé et de la nutrition des enfants et du niveau d’éducation. Enfin, la lutte contre le travail des enfants sera un combat perdu d’avance si les parents (pères et mères) ne produisent ni ne gagnent suffisamment pour garantir des moyens de subsistance à leur famille.

6. La crise économique mondiale a-t-elle un impact particulier sur les femmes dans l’emploi rural ?

La crise financière s’est produite à un moment où de nombreuses personnes des pays en développement étaient déjà confrontées à des difficultés liées à la crise des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Il est difficile de quantifier l’impact de la crise actuelle en termes d’égalité hommes-femmes, mais certaines tendances peuvent être esquissées. Par exemple, il est plausible d’anticiper que, dans la plupart des pays, on attend des femmes qu’elles assument en premier lieu la responsabilité d’agir comme des filets de sécurité de dernier recours et de veiller à la survie de leur famille. Dans le même temps, le poids du travail non rémunéré des femmes rurales risque de s’intensifier encore, en particulier chez les ménages à bas revenus et surtout lorsque les équipements publics (y compris les rares qui sont implantés en zones rurales) sont supprimés dans le cadre des mesures d’austérité. En outre, il est possible que les femmes en milieu rural soient davantage contraintes que les hommes à accepter des emplois précaires aux perspectives limitées et que la santé de leurs enfants et la leur se détériorent. Au Mexique par exemple, pendant la crise de 1995, les taux de mortalité infantile ont crû davantage là où le taux d’activité des femmes avait augmenté, les filles étant les plus touchées.

7. Que fait l’OIT pour promouvoir l’égalité entre hommes et femmes en zone rurale ?

Beaucoup de choses! Les femmes subissent des inégalités dans tous les aspects du travail: normes et droits au travail, création d’emplois, protection sociale et dialogue social. C’est pour cela que l’OIT considère l’égalité hommes-femmes comme une question transversale. L’OIT a mis en œuvre un certain nombre de projets qui favorisent l’égalité entre les sexes dans les zones rurales. L’un d’entre eux est CoopAfrica qui encourage le développement des coopératives sur l’ensemble du continent. Récemment, l’OIT a organisé un atelier participatif au Cooperative college du Kenya pour débattre des stratégies encourageant la participation des femmes aux conseils d’administration des coopératives. Le Programme pour le développement de l’entrepreneuriat féminin et l’égalité des sexes  (WEDGE en anglais) en est à sa troisième et dernière phase. Le but de ce projet est d’accroître les débouchés économiques pour les femmes en menant des actions positives pour soutenir celles qui démarrent, formalisent ou développent leur entreprise et en intégrant les questions d’égalité des sexes dans l’action de l’OIT en faveur de la création d’entreprises. Au Timor-Leste, l’OIT aide l’Institut d’aide au développement des entreprises (IADE) et la Direction nationale du développement rural (DNDR) du ministère de l’Economie et du Développement à stimuler le développement économique local, à améliorer la qualité des services publics et à créer des emplois de qualité dans les zones rurales en développant l’accès des micro et petites entreprises aux marchés, en renforçant le rôle des acteurs économiques locaux et en valorisant la prestation de services de développement des entreprises.

 

Source : BIT

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 20:23

 

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Dans sa Résolution N°64/169 du 18 décembre 2009, les Nations Unies, en s’appuyant sur les textes internationaux de promotion et de protections des droits humains, ont proclamé l’année 2011 com

me « Année internationale des personnes d’ascendance africaine ». Cette décision de la Communauté internationale vise à garantir aux personnes visées le plein exercice de tous leurs droits et le respect de leur diversité, de leur patrimoine et de leur culture. Voici le texte intégral de la résolution.

 

L’Assemblée générale,

Réaffirmant la Déclaration universelle des droits de l’homme[1], qui proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, et que chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés qu’elle consacre, sans distinction aucune, 

Rappelant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques[2], le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels[3], la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale[4], la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes[5], la Convention relative aux droits de l’enfant[6], la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille[7], la Convention relative aux droits des personnes handicapées[8] et les autres instruments internationaux pertinents relatifs aux droits de l’homme,

Rappelant également les dispositions pertinentes des textes issus de toutes les grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies, en particulier la Déclaration et le Programme d’action de Vienne* et la Déclaration et le Programme d’action de Durban[9],

Rappelant en outre ses résolutions 62/122 du 17 décembre 2007, 63/5 du 20 octobre 2008 et 64/15 du 16 novembre 2009 sur le mémorial permanent en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves,

 

1. Proclame l’année 2011 Année internationale des personnes d’ascendance africaine, en vue de renforcer les mesures nationales et les activités de coopération régionale et internationale en faveur des personnes d’ascendance africaine qui visent à leur garantir le plein exercice des droits économiques, culturels, sociaux, civils et politiques, à assurer leur participation et leur intégration à la société sous tous ses aspects – politiques, économiques, sociaux et culturels – et à promouvoir une meilleure connaissance et un plus grand respect de la diversité de leur patrimoine et de leur culture ;

 

2. Encourage les États Membres, les institutions spécialisées des Nations Unies, compte tenu de leurs mandats respectifs et des ressources disponibles, et la société civile à préparer la célébration de l’Année internationale et à définir des projets qui permettraient d’en assurer le succès ;

 

3. Prie le Secrétaire général de lui soumettre à sa soixante-cinquième session un rapport comprenant un projet de programme d’activités pour l’Année internationale, établi compte tenu des vues et recommandations des États Membres, de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine du Conseil des droits de l’homme et des autres institutions, fonds et programmes des Nations Unies concernés, selon qu’il conviendra.

 

Résolution adoptée par 65ème séance plénière de l’Assemblée générale sur la base du rapport de la Troisième Commission (A/64/439/Add.2 (Part II)) des Nations Unies, 18 décembre 2009



[1] Résolution 217 A (III).

[2] Voir Résolution 2200 A (XXI), Annexe.

[3] Idib.

[4] Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 660, N°9464.

[5] Ibid., vol. 1249, N°20378.

[6] Ibid., vol. 1577, N°27531.

[7] Ibid., vol. 2220, N°39481.

[8] A/CONF.157/24 (Part I), chap. III.

[9] Voir A/CONF.189/12 et Corr.1, chap. I.

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 15:03

Par Mathieu Dehoumon*

 

En Afrique, les Pygmées[1] sont un peuple marginalisé qu’on retrouve au Cameroun, au Gabon, au Congo, en République Démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine, au Rwanda, au Burundi et en Ouganda. On rencontre  diversement dans ces pays les groupes Pygmées tels que les Mumbuti, les Mbuti de la forêt d’Ituri, les Tumandwa, les Batwa, les Bakunda (Bazimba), les Aka, les Babenzi, les Baka, les Binga, les Efé, les Twa, les Bokola, les Bagyeli, les Betzan, etc. Le sens étymologique du mot « pygmée »[2] le renvoie au grec ‘‘pygmaios’’ pour désigner une personne appartenant à un groupe d’individus spécifiquement caractérisés par leur petite taille, en général inférieure à 1,50 m. Mais un pygmée n’est pas un nain.[3]En Afrique, la population totale des Pygmées est estimée à près de 150000 voire 200000 personnes[4]. Des caractères pygmoïdes aux langues pygméennes, les relations sociales ne sont pas souvent les plus harmonieuses avec les autres ethnies ou groupes sociaux dans certains pays africains. Dans la recherche de leur émancipation, les pygmées d’Afrique s’identifient à des peuples autochtones. Ils revendiquent ainsi la reconnaissance de ce statut pour s’assurer, face aux habitudes des sociétés modernes d’Afrique[5], une plus grande protection (III) notamment contre les pratiques discriminatoires de toute forme que subissent la plupart d’entre eux (II). Et pourtant, les Pygmées d’Afrique se caractérisent par une organisation sociale originale (I) qui enrichit les valeurs culturelles du continent.

 

I. Une vie sociale étonnamment organisée

 

Au cœur de la forêt, les pygmées établissent leur campement constitué de huttes, fabriquées par des femmes, ou de bivouacs en fonction de leur projet de séjour et surtout en fonction de la générosité de la nature. Ils s’installent alors plus longtemps près d’un ruisseau et sous des arbres de 50 mètres de hauteur. Un campement pygmée abrite une famille avec des logis différemment conçus pour les ménages et pour les célibataires, les jeunes filles et les jeunes gens vivant séparément. Dans la forêt, les populations pygmées s’adonnent à des activités qui leur procurent les produits nécessaires à leur alimentation. Ils tirent toutes leurs ressources de cette forêt en menant des activités de chasse, de  cueillette et parfois de pêche. Aujourd’hui, des contraintes de protection de certaines espèces animales et parfois végétales amène les Pygmées à changer d’activité et à pratiquer l’élevage.

 

En matière de travail, en effet, la société des pygmées observe une répartition très souple des tâches en fonction du sexe. Ainsi, la chasse qui est réputée virile, est l’apanage des hommes alors que la pêche et la cueillette relèvent plutôt du domaine des femmes qui jouent un rôle primordial dans la société des Pygmées. Ainsi, dans la famille, il revient au nouveau mari de rejoindre la femme dans son campement. C’est la femme qui est responsable de la gestion de l’épargne du ménage. Ce statut lui permet de décider des dépenses de la famille : achats, ventes, cuisine et investissements, etc. Elle gère également l’éducation des enfants et les soins à leur apporter. Dans le campement, la femme occupe aussi une place importante notamment pour les travaux agricoles et domestiques, pour la transmission des messages ou des campagnes de sensibilisation. La femme pygmée est considérée comme porteuse de chance car elle pratique quelques rites pour apporter la chance à son mari lorsque celui-ci part à la chasse[6]. En général, dans la société des Pygmées, les hommes chassent et collectent le miel, les femmes collectent les végétaux, les familles collectent les chenilles et participent à la chasse au filet. Mais il arrive très souvent qu’au sein d’une famille chacun des membres, femmes comme hommes, participe à toutes les activités notamment pour obtenir une meilleure récolte ou un produit de chasse plus conséquent. Les Pygmées sont également reconnus comme de grands connaisseurs de la vie de la forêt et de l’usage des plantes médicinales. 

 

Dans l’imaginaire pygmoïde, le lien entre la personne et la nature est très étroite car celle-ci est le pourvoyeur par excellence des biens visant à satisfaire les besoins quotidiens. Les pygmées d’Afrique vivent au jour le jour sans se préoccuper particulièrement du lendemain[7]. De ce fait, ils ne font ni provision, ni spéculation, ni thésaurisation. Ils se contentent donc du juste nécessaire que la nature leur offre pour satisfaire leurs besoins immédiats. C’est pourquoi on qualifie leur environnement social de « société de retour immédiat » [8]. Le besoin d’accumulation de ressources, de biens et de services n’existe pas dans le milieu pygméen. Les biens nécessaires mais non disponibles, sont recherchés auprès de leurs voisins par le système de troc. Ils développent ainsi des relations d’échange et de complémentarité en donnant aux voisins leurs produits de chasse ou de cueillette contre des denrées auxquels ils n’ont autrement accès. L’attitude des pygmées est une disposition qui libère les ressources pour ceux qui en ont besoin et donc par conséquent, permet de les rendre disponibles pour tous. Il s’agit d’une sorte de régulation distributiste ou une solidarité particulière qui s’organise naturellement dans la société des pygmées. En effet, à la chasse, le pygmée abat le gibier nécessaire pour nourrir son ménage ou sa famille. Il ne prélève pas au-delà de ses besoins malgré la disponibilité de la ressource. Et lorsqu’il dispose d’une denrée alimentaire, il la partage avec tous les membres du campement. Son attitude économique et sociale s’inscrit par là même dans la protection des ressources de la forêt. Mieux, l’esprit de communauté pousse le pygmée à mettre en commun avec ses semblables tout bien qu’il se procure par ailleurs[9].

 

A l’intérieur de son groupe social, le Pygmée est très lié à sa famille. Il fonde d’ailleurs son ménage par un mariage de régime monogamique. Le consentement mutuel des futurs époux est requis pour la formation du mariage. Mais il est nécessaire que le prétendant Pygmée prouve ses capacités à la chasse et qu’il rende quelques services à ses futurs beaux-parents, pour avoir sa future épouse. La stabilité du lien de mariage est garantie par la coutume qui est la loi du régime matrimonial. La nourriture est redistribuée dans le campement, apportant une certaine sécurité de vie à l’ensemble des membres du groupe. Il est ainsi interdit au chasseur de consommer à lui seul le gibier qu’il a tué. Le sens du partage est un facteur de solidarité dans le campement.

 

L’organisation sociale pygméenne se fonde sur un système de parenté et de classe d’âge. Ainsi, le système de parenté s’appuie sur la famille de type patrilinéaire, le lignage, le sous-clan et le clan sachant que ce dernier est composé d’individus qui se réclament d’un même ancêtre. Concernant la classe d’âge, le système aîné-cadet est à la base de l’autorité dans la famille avec la prévalence du droit d’ainesse. De ce fait, les aînés du campement assurent l’autorité de la famille tant pour l’organisation des activités que pour les relations avec la force divine. Ils prennent des décisions qui respectent la volonté du groupe. Ils veillent au respect des valeurs de la société pygmoïde notamment l’égalité sociale et économique. On relève que les relations entre hommes et femmes dans la société des pygmées sont parmi les plus égalitaires que l’on connaisse[10].

 

En ce qui concerne leur culture, les Pygmées exécutent des chants et des danses dans un style assez particulier. Pour leur croyance, ils se conforment à une religion monothéiste. De nombreuses études ethnologiques montrent que, sur le plan religieux, les Pygmées sont des animistes. Ils pratiquent le culte des ancêtres et respectent Zèngi ou Jengi, le médiateur entre Dieu et les hommes, le protecteur des Pygmées. Ils s’adonnent au culte des esprits-animaux et des forces de la nature. Contrairement à ce qu’on peut observer dans la plupart des sociétés africaines, les Pygmées n’ont ni totem, ni sociétés secrètes. La pratique religieuse chez les Pygmées a nourri la curiosité des anthropologues et ethnologues qui étudient les sociétés primitives à la recherche des traces de la religion des origines. Aussi, le pape Pie XI subventionna-t-il une expédition au cœur de la forêt africaine pour étudier les Pygmées. L’objectif était de vérifier la théorie du « monothéisme primitif » selon laquelle les Pygmées croyaient en un dieu unique. Des missionnaires ethnologues furent donc envoyés à la rencontre de ce peuple de la forêt. Parmi eux, il y avait le prêtre Paul Schebesta[11] qui fit plusieurs expéditions au Congo chez les Pygmées Bambuti. Il leur consacra de nombreux ouvrages[12]. Dans son œuvre de 1940, il déclare avoir trouvé des coïncidences troublantes entre le dieu suprême des Pygmées et celui de la Bible[13].


La position de Schebesta a provoqué de vives critiques des ethnologues. Ils conviennent qu’il existe dans le panthéon pygmoïde un dieu suprême, et admettent que les mythes et traditions connaissent des nuances chez les Pygmées selon leur position géographique. Ainsi, chez les Bambuti, le dieu suprême a donné naissance à un premier couple, Tollé et sa sœur Ngolobanzo, et ceux-ci ont donné naissance aux humains. Chez les Aka, Komba et son neveu Waito, ne sont pas des créateurs, mais des organisateurs d’une création fondamentale préexistante. Komba façonné les êtres vivants, animaux et végétaux. Waito a apporté la civilisation aux humains ; il est le détenteur de tous les biens vitaux, tels que l’eau, le feu, les connaissances[14]. Chez les Pygmées, le dieu suprême n’intervient pas dans la vie ordinaire car cette fonction est assurée par les mânes des ancêtres, les esprits bienfaisants, les bons génies qui aident à la chasse, qui veillent sur la population et qui les protègent des maladies. On oppose ces bons génies aux démons de la même forêt. Cette démarcation de pratiques religieuses a poussé certains ethnologues et anthropologues à penser que les Pygmées, tout comme les autres Africains, adorent des objets ou fétiches.

 

Au demeurant, la religion pygméenne est basée sur la nature. Elle consiste à faire des offrandes aux génies dans des grottes, sur des collines, dans les vallées et marais ou auprès d’arbres sacrés. Aujourd’hui, la plupart de ces sites sacrés se trouvent à l’intérieur des parcs nationaux, ce qui ne décourage pas les pygmées à s’y rendre en secret pour perpétuer leurs traditions. Divers changements amènent de nos jours certains pygmées Batwa d’Ouganda, du Rwanda et du Burundi à adopter le christianisme et à manifester leur intérêt à d’autres cultures, contrairement à ce qu’on peut observer en RDC où ils sont restés attachés à leur mode de vie traditionnelle.

 

Les pygmées Batwa de la région des Grands Lacs[15]

 

Selon le rapport 2001 du Groupe international sur les droits des minorités, les pygmées Batwa du sud de l’Ouganda, de l’est de la RDC, du Rwanda et du Burundi, sont estimés à 70 000 voire 87 000 personnes. Dans ces différents pays, ils ne constituent ni une force numérique, ni un groupe politique susceptible d’influence significative. Ils subissent la domination de leurs voisins agriculteurs ou pasteurs. En effet, la présence des agriculteurs, fermiers et bergers bantous exacerbe constamment la précarisation des pygmées Batwa : dépossession foncière et remise en cause des droits. Mais en RDC, cette domination est atténuée par une relative indépendance économique dont jouissent les pygmées. Ceci s’explique par le fait que certains Batwa, dans une logique d’adaptation forcée, sont amenés à diversifier leurs activités passant de la poterie, à la vannerie, la pêche, la fabrication de canoës ou de pagaies. Dans l’est de la République du Congo et au Rwanda, d’autres Batwa survivent aujourd’hui difficilement comme ouvriers agricoles ou mendiants. Cette adaptation qui leur est imposée ne rencontre pas l’assentiment de tous les Batwas. Les pygmées Batwa restent la couche sociale la plus inférieure, dispersée et non intégrée dans les sociétés des Grands Lacs.

 

Les pygmées Aka de la République centrafricaine[16]

 

Dans les méandres de la Lobaye, en Centrafrique, s’éveille le monde des Pygmées Aka fait d’une série de campements fixes[17]. Très souvent victimes d’un racisme profond du fait de leur petite taille et considérés comme des sous-hommes, les Pygmées entretiennent des relations difficiles avec les « grands Noirs ». Considérés comme les premiers habitants de la Centrafrique, les pygmées Aka vivaient dans la grande forêt équatoriale du sud-ouest centrafricain. Ils chassaient du gibier, ramassaient des champignons et des racines comestibles. A l’occasion de ces activités de subsistance, ils dressaient des campements temporaires tout en développant des savoir-faire et des savoir-être exemplaires, des techniques de chasse, des connaissances de la pharmacopée, des chants et des danses. Mais depuis les programmes d’exploitation agricole et forestière, les Pygmées Aka ne peuvent plus se déplacer librement dans toute la forêt. Certains Pygmées se sont repliés, avec le soutien de quelques associations, en forêt profonde l’Ituri[18] pour y établir leurs campements. D’autres se sont installés près de leurs voisins, les Bantous. Cette sédentarisation peut permettre à ces pygmées d’inscrire leurs enfants dans les écoles, sur les registres d’état civil et de protéger leur héritage culturel. Aujourd’hui, le contact des Pygmées avec les autres populations centrafricaines modifie leur comportement et leurs habitudes dans l’habillement, l’alimentation, les moyens et techniques de chasse. Comment donc entretenir les échanges avec les autres populations, veiller au respect des traditions des Pygmées et à la protection de l’environnement notamment celle des espèces végétales et animales qui deviennent de plus en plus rares ?

 

 Les Pygmées Bokola ou Bagyeli[19] du Cameroun

 

Dans les localités de Niete et d’Akom II au Sud du Cameroun, vivent les Pygmées Bagyeli et Bokola. Ils ont développé des liens étroits avec la forêt qui leur fournit l’essentiel de leurs ressources alimentaires, techniques et médicales[20]. Mais depuis un certain temps, les Pygmées camerounais doivent faire face à des problèmes d’expropriation[21] qui les confrontent à de grandes sociétés d’exploitation forestière. Avec le soutien de quelques ONGs[22], les Pygmées camerounais protestent contre la dépossession de leur espace de vie. La déforestation engendrée par ces sociétés provoque la disparition du gibier et la raréfaction de certaines espèces végétales. Dans la recherche de solution à ces difficultés, les réunions et négociations initiées par les ONGs[23] auprès des autorités locales et les sociétés agro-forestières n’aboutissent, pour l’instant, qu’à des résultats éphémères compromettant davantage les droits fondamentaux des Pygmées au Cameroun. Face à de telles injustices, les pygmées sont de plus en plus déterminés à acquérir, par l’éducation, les méthodes de sauvegarde de leur espace de vie et des outils de développement des ressources de la forêt[24]. Mais, pour le moment, les Pygmées d’Afrique demeurent des populations très marginalisées.

 

II. Un peuple fortement discriminé

 

Des pratiques discriminatoires de toute forme

 

La plupart des Pygmées d’Afrique sont victimes de racisme et de discrimination. Des pratiques de ségrégation discriminatoires, des stéréotypes négatifs et le déni des droits égaux se perpétuent contre les pygmées au Burundi, au Rwanda, en Ouganda,  en RDC, en Centrafrique et au Cameroun. Certains de leurs voisins critiquent leur mode de « vie sauvage » et leurs habitudes alimentaires.

 

Les Pygmées subissent une marginalisation extrême et se trouvent placés en situation de dépendance vis-à-vis de leurs voisins. Outre les populations locales qui sont à l’origine de ces pratiques discriminatoires, certains fonctionnaires de l’administration locale qui emploient les Pygmées, ne les admettent pas dans leur maison car selon les préjugés, les pygmées seraient des voleurs et des sorciers. Ils sont appelés à égayer les cérémonies mais doivent rester éloignés des invités. Ils n’auront pour toute récompense de ce divertissement que le reste de nourriture. Mais ils ne peuvent partager ni les verres, ni les assiettes avec les autres populations. Cette exclusion sociale s’accompagne d’une discrimination spatiale qui les oblige à s’installer à la périphérie des centres d’habitation de leurs voisins. C’est du moins ce qu’on peut observer dans les zones rurales. Ces pratiques sont moins répandues dans les centres urbains avec l’effet d’atténuation des discours, des lois et des actions de quelques associations.

 

Face à ces pratiques et du fait des mutations diverses des sociétés africaines, les efforts de correction sociale, de développement ou d’intégration, doivent prendre en compte le mode de vie des pygmées, les préjugés et la haine raciale qu’ils subissent, les injures, moqueries, isolements et humiliation dont leurs enfants font l’objet à l’école et qui constituent un frein à leur scolarisation.

 

Des menaces d’acculturation et de disparition des pygmées d’Afrique[25]

 

Les Pygmées d’Afrique sont menacés d’acculturation car ils subissent de plus en plus des changements dans leur mode de vie traditionnel. Ils sont souvent victimes de la déforestation et chassés de la forêt tropicale humide désormais exploitée pour le bois précieux ou les plantations de cacao. On relève au Cameroun par exemple que la société Hévéa du Cameroun (Hévécam) a entrepris d’étendre sa plantation dans la partie de forêt où les Bokola et les Bagyeli mènent leurs activités. Une telle extension représente un danger pour la survie des Pygmées. De même, la construction de l’oléoduc reliant le Tchad au terminal pétrolier de Kribi et passant sur le territoire des Bagyeli engendre des conséquences sur le mode d’habitation des Pygmées camerounais. Dès lors, les campements qui, autrefois, n’étaient que des lieux passagers, deviennent désormais semi-sédentaires, et parfois, permanents. En conséquence, les Bagyeli et les Bokola se voient contraints de changer certaines de leurs habitudes. Par manque d’espace de chasse, ils s’installent près des villages bantous afin de leur rendre divers services contre de maigres rétributions, souvent en nature. D’autres Pygmées se voient obligés de rejoindre les milieux urbains et des camps. En se sédentarisant et en côtoyant d’autres ethnies, les Pygmées perdent le contrôle de leur système de régulation sociale. Ils sont par exemple très exposés au VIH/Sida[26]. Le nombre de personnes infectées par le VIH/SIDA est en augmentation et les violences sexuelles sur les femmes aggravent cette situation.

 

Dans leur nouveau cadre de vie et dépourvus de papiers d’identité ou d’actes de naissance parce qu’ils ne sont pas enregistrés, les pygmées ne peuvent accéder que difficilement aux soins de base, à l’éducation, au travail ou à la justice. Les pygmées qui travaillent sont souvent des pisteurs, des prospecteurs, des manœuvres ou ouvriers saisonniers dans des exploitations agricoles où on les paie parfois en leur fournissant de l’alcool. Ils perçoivent un salaire de misère et sont contraints de se déplacer dans des exploitations minières, sous la supervision d’impitoyables encadreurs[27]. Ces revenus ne leur permettent pas de vivre convenablement dans leur nouvel environnement. Hors de leur cadre de vie habituel, sans statut social, les Pygmées entretiennent parfois des relations conflictuelles avec leurs car les modes de vie sont tellement différents.

 

Les pygmées d’Afrique sont également menacés de disparition. En effet, en 2002, des Pygmées Mbuti ont été victimes de massacres atroces dans les provinces d’Ituri et du Nord Kivu, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo. En 2003, les massacres de pygmées par des bandes armées lors du putsch du général Bozizé contre le président Ange-Félix Patassé en Centrafrique. Au Burundi, en 2003, trois pygmées ont été massacrés et lynchés par une foule qui les soupçonnait de vol. Certains trafiquants recherchent des pygmées pour prélever des parties de leur corps destinées au trafic d’organes humains. Tout récemment, un pygmée a été tué et mutilé en RDC. Ces meurtres contre les peuples pygmées contribuent dangereusement à affaiblir une population déjà en infériorité numérique. Au demeurant, les changements exogènes du mode de vie traditionnel des pygmées, les exactions et assassinats dont ils font l’objet, constituent de graves menaces discriminatoires pour des populations qui n’ont pas des perceptions, des jugements et des attitudes de nature moderne.

 

III. De la reconnaissance à la protection des peuples Pygmées d’Afrique[28]

 

Dans la mise en œuvre de la reconnaissance des droits des pygmées, il est recommandé aux différents Etats sur le territoire duquel les Pygmées sont présents, de prendre les mesures nécessaires, politiques, administratives et sociales, permettant le plein épanouissement de tous sans distinction de race ou d’ethnie. Il faut également mettre l’accent sur l’alphabétisation des populations pygmées et la création de centres de formation professionnelle dans les lieux de campement afin de leur permettre d’apprendre progressivement des métiers de substitution à leurs traditions. Cette perspective permet de les aider dans leur environnement habituel, pour un développement centré sur leurs propres réalités et leurs potentialités. C’est l’exemple que montre l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) en reconnaissant, en novembre 2003, une valeur universelle aux traditions orales des Pygmées Aka de Centrafrique. Ces traditions sont ainsi proclamées comme un patrimoine Mondial Oral et Immatériel. De même, il faut protéger leur dextérité artistique en matière de construction. Par exemple, les campements pygmées Aka[29] et les habitations qui les composent, présentent une architecture et une fonctionnalité originales et uniques dont il faut assurer la pérennité. 

 

La protection des peuples pygmées d’Afrique nécessite que les Etats africains respectent les conventions internationales sur l’environnement auxquels ils sont parties, qu’ils mettent en œuvre les textes internationaux des droits humains[30], et, qu’ils ratifient la Convention N°169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur les peuples indigènes et tribaux. Le statut de peuples autochtones que revendiquent aujourd’hui les Pygmées, réitérée au premier Forum international des peuples autochtones des forêts d’Afrique[31] est une base légitime visant à assurer leur protection sur les plans national et international. Cette reconnaissance et cette protection pourront être une garantie contre les exactions dont ils ont été victimes par le passé.

 

Il va donc de soi que la société civile se mobilise pour les populations de la forêt équatoriale. Ainsi, une vingtaine d’ONG[32] des droits de l’homme réclame que justice soit faite pour les pygmées et d’autres populations civiles de l’Est et du Nord-Est de la RDC. Elles demandent à la Cour pénale internationale (CPI), d’ouvrir une enquête sur les présumés crimes, des actes d’anthropophagie et de violences sexuelles qui seraient commis en décembre 2002 dans les dans les territoires de Mambasa et de Beni notamment à Kokola et à Mayi Moya, par des hommes du Mouvement de Libération du Congo (MLC), et  par des officiers ougandais.

 

En tout état de cause, la protection des peuples Pygmées d’Afrique, en ce qui concerne leurs droits, est aujourd’hui d’une nécessité accrue vu le lien qu’on établit avec l’environnement. Il urge de prendre en compte la préservation de leur milieu naturel de vie, qui relève en même temps d’un grand enjeu de biodiversité à l’heure où le problème de réchauffement climatique se pose avec acuité. La course aux « bois précieux » ne peut justifier la déforestation dont la conséquence est fatale pour la Terre et pour certaines populations africaines. Il importe donc de lutter contre les pratiques discriminatoires contre les Pygmées d’Afrique et de sensibiliser davantage ceux-ci sur la conservation et la gestion durable des écosystèmes de la forêt. Il revient aux autorités politico-administratives de prendre les mesures nécessaires à ce propos. Il faut ainsi encourager l’effort de la République du Congo à adopter, en 2010, un projet de loi[33] sur la protection des droits des peuples autochtones, notamment les pygmées. Ce texte vise à protéger les Pygmées au même titre que les Bantous et à leur garantir le droit d’accès aux écoles, aux centres de santé[34], et à une alimentation saine. Il préconise leur intégration tout en reconnaissant leurs rites et coutumes.



* DEHOUMON Mathieu, doctorant en Droits de l’Homme, Université de Grenoble (UPMF)

[1] TAMISIER Jean-Christophe (dir.). Dictionnaire des peuples, Larousse, Paris, 1998, 228 p.

[2] SURVIVAL, « Les Pygmées », http://wwwsurvivalfrance.org/peuples/pygmaes

[3] On distingue les pygmées des nains en se référant à l’essence de la taille. En effet, la taille des nains est due à une maladie relative à la mutation d’un gène, alors que la taille des pygmées est consécutive à une adaptation morphologique aux conditions environnementales et au milieu de la forêt équatoriale dans laquelle ils vivent. « Aka, un peuple pygmée », http://pdf.actualite-poitou-charentes.info/056/48.pdf

[4] « Pygmée », http://fr.wikipedia.org/wiki/Pygm%C3%A9e#cite_note-1

[5] PANOFF Michel et Michel PERRIN. Dictionnaire de l’ethnologie, Paris, Payot, 1973, 293 p.

[6] « Les femmes dans la tradition pygmée », http://fondaf-bipindi.solidarites.info/femmes-pygmees.php

[7] « Pygmées Wamba », http://www.afriquespoir.com/pygmeeswamba/fra/index_fichiers/Page416.htm

[8] Les sociétés de « retour immédiat » sont opposées aux sociétés agricoles, pastorales ou capitalistes dites de « retour différé » dans lesquelles le travail est investi sur de longues périodes avant qu’une récolte soit produite où consommée, où il est organisé de façon hiérarchique et où il les biens vitaux sont des possessions individuelles. Les sociétés de « retour immédiat » sont fortement tournées vers le présent. Les gens obtiennent un retour immédiat et direct pour leur travail. Ils consomment la majeure partie de leur production alimentaire le jour où ils l’obtiennent et gardent rarement des surplus. Ils sont nomades et voient le mouvement de façon positive.

[9] Certains pygmées sont obligés d’offrir leurs forces physiques à des propriétaires terriens pour des travaux champêtres. Ce travail leur procure parfois des revenus, souvent en nature.

[10] Endicott, K.L., « The conditions of egalitarian male/female relationships in foraging societies », in Canberra Anthropology, Vol. 4, N° 2, 1981, fournit un débat intéressant sur l’égalité des sexes dans les sociétés de chasse et de cueillette.

[11] Schebesta Paul était un missionnaire jésuite, d’origine autrichienne, qui a travaillé sur les Pygmées de la forêt d’Ituri en RDC.

[12] Schebesta Paul, Le sens religieux des primitifs, Paris, Editions Mame, Collection Siècle et catholicisme, 1963, 399 p.

[13] Schebesta Paul, Les Pygmées, Gallimard, 1940, 199 p.

[14] BRISSON Robert, Mythologie des Pygmées Baka, Editions Peeters, Paris, 1999, 476 p.

[15] LEWIS Jérôme, Rapport 2001 de Minority Rights Group International.

[16] TUQUOI Jean-Pierre, « Les pygmées, petit peuple des forêts »  in LE MONDE, 24.03.2006, mis à jour le 24.08.2010

[17] Les campements, qui abritent chacun 30 à 90 habitants, comprennent entre 15 et 20 habitations disposées de manière circulaire, la façade postérieure adossée à la forêt et la façade principale orientée vers la place centrale du campement,  dégagée pour accueillir les différents  événements et manifestations communautaires.

[18] LUSENGE Cyprien, « Les Pygmées contraints de quitter la forêt surexploitée en Ituri », in http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=6083

[19] « Les pygmées Bagyeli au Cameroun », http://parrainages.org/bipindi-pygmees-bagyeli.php3

[20] Près de 4000 Pygmées sont dénombrés dans cette localité. Sur le plan médical, ils utilisent le strophantus, un arbre particulier de la forêt qui leur permet de soigner les plaies grâce à son écorce.

[21] MVONDO Guy Roger, « Akom II : les pygmées Bagyeli menacés d’expropriation par Hévécam », in LE QUOTIDIEN MUTATIONS, 1er  Février 2011.

[22] Cinq ONGs (Foder, Ced, Cader, Aped et Adebago) présentent et défendent les intérêts des Pygmées auprès des dirigeants camerounais.

[23] Voir la réunion d’échanges organisée le 29 janvier 2011 à Akom II (Cameroun).

[24] UNESCO : « Scolarisation et alphabétisation des pygmées Aka », http://portal.unesco.org/geography.fr/

[25] BIMBENET Jérôme, Les peuples premiers : des mémoires en danger, Larousse, Paris, 2004, 128 p.

[26] SIDANET : « Afrique centrale : les populations des forêts menacées par le VIH/SIDA », mai 2007, http://www.sidanet.asso.fr/webapps/komplete/index.php?KTURL=mod_article.html&page=996

[27] LUSENGE Cyprien, « Les Pygmées contraints de quitter la forêt surexploitée en Ituri », in http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=6083

[28] « Les pygmées, un peuple en voie d’extinction », http://whc.unesco.org/en/tentativelists/4012/

[29] UNESCO : « La forêt et les campements résidentiels de référence pygmée AKA de la République Centrafricaine », http://whc.unesco.org/en/tentativelists/4012/

[30] Le Burundi, le Rwanda, la RDC et l’Ouganda, la Centrafrique, etc. sont tous parties à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

[31] Le premier Forum international des peuples autochtones des forêts d’Afrique tenu, à Impfondo (Likouala), du 8 au 15 avril 2007. Le 2ème forum est organisé en 2011 et se porte sur le thème : « Droits des peuples autochtones et dynamiques de la conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo ».

[32] Les ONG se sont regroupées au sein de la Synergie des ONG congolaises pour les victimes (SYCOVI).

[33] Le texte prévoit de renforcer la protection, la promotion de la culture des pygmées et des mesures financières pour appuyer leur développement.

[34] SALOMONE Gérard et TAGLIONI François, « La marginalisation sanitaire des îlots pygmées des la Likouala », http://fig-st-die.education.fr/actes_2000/salomone/article.htm

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 00:14

St Rambert d'Albon
 

 

Une vingtaine de personnes se sont retrouvées, le lundi 6 décembre 2010 à 19h30 au Centre Social et Culturel Municipal de Saint-Rambert-d'Albon, pour débattre sur le thème : « L'égalité femmes-hommes au travail : tous égaux ? »

 

Les trois intervenants de la soirée, Florence Jacques, Mathieu Dehoumon et Jean Christophe Groléas, se sont appuyés tour à tour sur les courts-métrages diffusés pour animer des échanges dynamiques et très constructifs sur le thème de la soirée.

 

La réussite de ce ciné - débat a encouragé l'équipe du Centre Social et Culturel Municipal à préparer un autre débat pour le mois de février 2011.

 

Présentation de nos intervenants :
Florence Jacques, chargée de mission au CIDFF de la Drôme (Centre d'Informations sur les Droits des Femmes et des Familles),
Mathieu Dehoumon,
doctorant en Droits de l’Homme à l’Université de Grenoble (UPMF), président de l’association Afrique-Monde DHDD,
Jean-Christophe Groléas, chargé de développement  à Kasciopé (Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle de la Drôme), en lien avec la Maison de l'Emploi et de la Formation.

 

Voir le canevas de Mathieu Dehoumon

Femmes-hommes-travail canevas mathieu dehoumon

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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 23:27

Le 25 mai 1963, les dirigeants africains signaient des accords pour créer l’Organisation de l'Unité Africaine (OUA) devenue Union Africaine depuis 2002. L’idée d’une telle initiative était de réunir les filles et les fils du continent africains autour d’un même sentiment d’appartenance familiale et d’une convergence de développement. Cette quête d’unité et de développement est encore d’actualité. Nos inquiétudes, nos certitudes et nos espérances pour l’épanouissement des populations africaines, le développement et le progrès économique du continent, résident dans un idéal appelé à se concrétiser et à s’améliorer.

 

En effet, les peuples africains veulent vivre dans la paix et la sécurité : légitime aspiration de tout être humain mais surtout, droit fondamental et inaliénable de toute personne ! Il est donc nécessaire que les Etats africains, notamment ceux qui sont en guerre, retrouvent le chemin d’une négociation conduisant à la paix et à la sécurité sur le continent. Cette journée, placée sous le signe de la paix et de la sécurité en Afrique, marque le 47ème  Anniversaire de la Journée de l’Afrique avec pour thème : « Tous unis pour une Afrique prospère et en paix ».

 

La Sécurité et la Paix, c’est le gage du respect des Droits humains… les prémices du développement… il faut penser à un développement humain et durable… un développement qui encourage les initiatives au bénéfice des populations à travers les actions de soutien à la scolarisation des enfants, les apports en eau potable, la mobilisation de moyens de lutte contre le paludisme, le Sida, la tuberculose, etc.

 

L’Afrique avance, difficilement certes, mais elle avance quand même. Notre propos se veut donc positif et optimiste et non alarmiste et défaitiste car nous croyons en la capacité des Africains de parvenir à la Paix en Afrique.

 

Matthieu Dehoumon,

Président de

Afrique-Monde, Droits Humains pour un Développement Durable (AM-DHDD)

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 19:00
 

Par Mathieu Dehoumon

 

Près de 20 millions d’hectares de terre, surtout en Afrique, ont été ces derniers mois cédés à des investisseurs. Le Madagascar a cédé 1,3 million hectares de terres cultivables à la société coréenne Daewo. La République Démocratique du Congo aurait vendu 2,8 millions d’hectares à la Chine. En Angola, une possible location de 20000 hectares de terres a été signée en faveur du groupe britannique Lonrho. Au Mali, au Mozambique, en Éthiopie, au Ghana, en Ouganda ou au Soudan, les terres cultivables attisent l’appétit des investisseurs étrangers. Au Sénégal, l’Arabie Saoudite aurait acquis des morceaux du pays pour y construire une nouvelle capitale qu'ils loueront à l'Etat sénégalais. D’autres Etats du Golfe comme le Koweït et les Emirats arabes unis, se préparent à participer à la compétition de « la ruée vers le Sud ».

 

Comme causes de ce phénomène, on soupçonne les crises alimentaire et financière de 2007 et 2008 qui semblent pousser certains pays à se ruer vers les terres arables de l’Afrique en vue d’assurer l’approvisionnement de leur grenier pour l’avenir. Ces pays, très ou totalement dépendants des importations pour leur alimentation, ont mesuré les risques liés au marché mondial de plus en plus fluctuant et incertain et, prennent leurs dispositions pour mettre leurs populations à l’abri de tout déficit alimentaire. La nécessité de faire recours à des terres étrangères réside dans le fait que, les acquéreurs, notamment les plus gros, sont ceux dont les conditions géoclimatiques ne favorisent pas le développement agricole. L’exemple de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar, est souvent cité. D’autres pays n’ont pas assez de terres disponibles pour couvrir leurs besoins croissants, ce qui  les amène à “délocaliser” leur production agricole. On cite ici la Chine, la Corée du Sud et l’Inde. Même si l’investissement étranger en Afrique est en soi à encourager, il faut situer la responsabilité des dirigeants africains et penser à la situation des petits paysans pour l’avenir.

 

En effet, après les gisements de pétrole, les minerais, les bananeraies et autres richesses, certains responsables africains actuels se lancent dans le bradage des terres agricoles. L’acquisition des terres africaines par les pays riches ne s’apparente-t-elle pas à une nouvelle forme de colonisation, non plus certes par la force des canons, mais par la séduction de l’argent ? L’argent, rien qu’un mode d’échange qui n’a de valeur réelle que dans le présent et qui ne présage de rien pour l’avenir ! Pourquoi donc octroyer les meilleures et les plus irriguées terres aux investisseurs étrangers sans se soucier de l’avenir des petits paysans ou des populations locales, sans les consulter ? Quel est le sort qui leur est réservé une fois que les nouveaux propriétaires et exploitants vont s’installer ?

 

On conçoit bien que des investisseurs étrangers négocient, dans les pays d’Afrique, des accords visant à utiliser des terres cultivables. Mais une telle démarche doit respecter la dignité des populations africaines et s’inscrire dans une perspective de développement humain durable. On ne saurait admettre que les pays riches, après avoir dépouillé au XVIè siècle, l’Afrique de ses bras valides par l’esclavage, reviennent au XXIè siècle, dépouiller le continent de ses terres, gage de son réel développement. Le Fond International de Développement Agricole (FIDA) et l'Agence des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) se sont mobilisés pour exprimer leur inquiétude face à  cette situation.

 

Il ne faut pas se leurrer ! Les gouvernants africains qui risquent de se faire piéger par quelques billets de banque, tout comme les anciens vendeurs d’esclaves africains dont les yeux brillaient à la vue de quelques pacotilles, attendent certainement que ces cessions aient des retombées positives sur les populations, qu’elles donnent lieu à des loyers annuels ou d’une coquette somme d’argent à la conclusion de l’accord, que les investisseurs s’engagent à faire bénéficier la région d’infrastructures routières, agricoles ou sociales, que les exploitations modernes génèrent des emplois sur place et impulsent le développement de filières de production. Seulement, l’opacité qui entourent les négociations ou la signature de ces contrats ne permettent pas de se fier à la bonne intention des investisseurs, qui sont loin d’être des philanthropes. Faut-il rappeler qu’avant tout, ces pays cherchent à développer des produits qui serviront à combler les besoins, notamment alimentaires de leurs populations ? Les premiers bénéficiaires de ces projets ne seraient donc pas les Africains contrairement à ce que laissent croire les apparences.

 

Au demeurant, il faut se poser la question sur la portée de l’engagement des pays africains dans ces contrats. Il faut s’inquiéter, en effet, de l’avenir de la jeunesse africaine qui se trouve ainsi compromis par la durée de ces types de bail (99 ans). Il faut aussi attirer l’attention de l’opinion publique sur la responsabilité des dirigeants africains concernés non seulement pour les générations actuelles mais aussi pour les générations futures, spécialement lorsque, du fait de ces  transactions, elles ne pourront pas accéder ou elles accèderont difficilement à la propriété foncière dans leurs pays. L’Afrique doit se développer, certes. Mais il ne s’agit pas d’un développement à tout prix. Il faut donc arrêter le bradage des terres africaines !

 

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