25 mars 2006
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Par Mathieu Dehoumon
A l’occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, 21 mars, dont le thème cette année est : « Combattre la discrimination quotidienne », le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a exhorté « les citoyens ordinaires » à se mobiliser pour dénoncer « l'intolérance ordinaire » car « les crimes les plus horribles commis par l'humanité ont souvent ancré leurs racines dans un sectarisme banal ».
La discrimination investit, de plus en plus, le quotidien des hommes et des femmes dans le monde, d’Europe en Amérique, de l’Asie en Afrique sans oublier l’Océanie. En témoignent encore les insultes proférées dans les écoles et dans les rues, les injustices commises lors des recrutements et des licenciements sur le lieu de travail, l'option sélective adoptée par les médias ou la police dans le traitement de la criminalité, les inégalités observées dans la prestation des services publics, les mauvais traitements infligés à des groupes raciaux, ethniques ou religieux qui sont autant d’intolérances souvent passivement acceptées dans nos sociétés.
L’omniprésence de cette forme de racisme quotidien est scandaleuse à partir du moment où elle ne rencontre aucune résistance, aucune opposition ni de ceux qui les subissent, ni de ceux qui les observent. Il se développe donc une « discrimination larvée » qu’on ne saurait tolérer dans notre vie quotidienne. Faut-il la refouler à l’attribut de la nature humaine ? Non, car la haine n’est pas inscrite dans notre patrimoine génétique. Selon Kofi Annan, « l’intolérance est apprise, elle peut donc être désapprise ».
Pour véritablement lutter contre ce fléau social, il faut mobiliser au front non seulement les armes juridiques existantes mais aussi et surtout aligner aux premiers rangs l’Education. Il s’agit en d’autres termes, d’un processus de prise de conscience et de culture d’esprit de tolérance. C’est la fonction ultime de l’Education. Elle devrait commencer à la maison sachant que la maison est le lieu par excellence qui abrite la famille – qui est, au demeurant, le creuset de la socialisation primaire. De la maison, l’éducation à la tolérance devrait se poursuivre à l’école pour être ensuite intégrée dans le discours public. Dans cette lutte contre l’intolérance ordinaire, le Secrétaire général de l’ONU, fait observer que « les citoyens doivent être simultanément des professeurs et des élèves ».
Il faut rappeler que le 21 mars 1960, la police du régime d'apartheid sud-africain avait ouvert le feu sur une manifestation pacifique organisée à Sharpeville pour protester contre des lois discriminatoires et racistes. Outre le nombre élevé de blessés enregistrés, des dizaines de manifestants ont été également tués. Aujourd’hui, le souvenir de cette journée interpelle chaque individu à se mobiliser contre les atrocités perpétrées dans le monde mais aussi le racisme ordinaire fréquemment oublié. C’est pourquoi, profitant de cette commémoration, Kofi Annan proclame que « la clef de la victoire réside en fin de compte dans la mobilisation des citoyens ordinaires qui dénoncent l'intolérance 'ordinaire'… Ce sont eux qui doivent refuser de tolérer les actes discriminatoires dans leur vie quotidienne. Ce sont eux qui doivent faire comprendre que la discrimination ne peut aucunement être banalisée. Et ce sont eux qui ont le plus à gagner dans une société qui s'édifie sur la base de la reconnaissance des droits de tous ses membres et des obligations de respect à leur égard ».
Source : ONU