Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Archives

3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 13:18
Par Gustave Massiah
 
Trois grandes questions déterminent l’évolution de la situation à l’échelle mondiale et marquent les différents niveaux de la transformation sociale (mondiale, par grande région, nationale et locale). Je partirai de l’hypothèse que nous sommes confrontés à une triple crise, la crise de l’hégémonie des Etats-Unis et la crise du néolibéralisme. Il faut y rajouter la crise écologique mondiale qui est devenue patente.

La crise écologique est ouverte
 
La prise de conscience des limites de l’écosystème planétaire et de la négation des droits des générations futures semble avoir beaucoup progressé. Elle accompagne l’émergence du mouvement altermondialiste depuis la Conférence de Rio en 1992. Malgré des déclarations de façade et une forte activité internationale, elle ne met pas encore en danger le mode de production capitaliste dans sa forme productiviste. Les conséquences du productivisme dans la liaison entre la dimension écologique avec les dimensions sociales, démocratiques et des inégalités entre les pays partagent les courants écologistes et se répercutent dans les alliances entre les mouvements sociaux et citoyens. C’est une des questions majeures de l’avenir du mouvement altermondialiste.
 
L’hypothèse de la crise du néolibéralisme mérite discussion. La phase néolibérale de la mondialisation est en crise, et il y a des possibilités pour qu’une nouvelle phase puisse s’ouvrir ; cette nouvelle phase n’est pas prédéterminée. Le néolibéralisme est une phase de la mondialisation capitaliste, elle n’en est pas l’achèvement et il n’y a pas de scénario stable néo-libéral de long terme. La phase néo-libérale serait donc une transition qui a commencé à la fin des années 1970. Elle correspond à une liaison intime entre une option économique et sociale, la régulation par le marché mondial des capitaux, et une option politique conservatrice. Madame Thatcher a autant préconisé des politiques néo-libérales pour casser les syndicats britanniques que voulu casser les syndicats pour imposer le modèle néo-libéral. De 1980 à aujourd’hui, nous assistons au renforcement du modèle néo-conservateur. De 1980 à 1989, c’est la période de l’expérimentation et de la montée en puissance, à partir de 1989, nous sommes dans la revanche sociale des couches dirigeantes qui avaient dû accepter les compromis keynésiens et qui relèvent la tête. En 1995, commence à se consolider et s’organiser un mouvement anti-systémique, le mouvement altermondialiste. En 2001, les attentats de New York accélèrent le virage néo-conservateur.
 
La crise du néolibéralisme, du point de vue idéologique, est fortement liée à la montée en puissance de l’altermondialisme qui a aiguisé les contradictions internes au système. Le refus de la fatalité exprimé par « un autre monde est possible » remet en cause les offensives idéologiques qui suivent la chute du mur de Berlin en 1989, celles de « la fin de l’Histoire » et de « la guerre des civilisations ». La crise du néolibéralisme ne signifie aucunement sa disparition inéluctable. Plusieurs scénarios sont possibles à moyen terme : un néolibéralisme conforté, une dominante néoconservatrice, une variante néokeynésienne. Une issue altermondialiste est très peu probable à moyen terme, les conditions politiques étant loin d’être remplies ; mais le renforcement du mouvement altermondialiste pèsera sur les issues possibles.
La situation économique des trois prochaines années introduit des incertitudes. L’économie mondiale est tirée par les économies asiatiques, principalement chinoise, mais elle reste dépendante des fragilités de l’économie chinoise et des déséquilibres avec l’économie des Etats-Unis. L’économie des Etats-Unis est confrontée à une très probable récession. Le déficit des Etats-Unis est financé par les pays du Sud, les banques asiatiques et les pétroliers. La crise du crédit qui frappe les couches les plus pauvres commence à s’étendre aux couches moyennes ; le crédit immobilier explose. Les autorités monétaires ont recréé une bulle monétaire ; elle sera plus difficile à réduire par une récession modérée comme en 2002/2003. Peut-on prévoir quand la bulle va éclater ? La présidence Bush va tenter de la laisser en héritage à ses successeurs. Les démocrates, s’ils l’emportent auront tendance à commencer par une crise au début de leur mandat pour bénéficier d’un redressement pour les élections suivantes. Les Etats-Unis et l’Europe subiront la crise. Les pays émergents peuvent être tentés de ne pas tout miser sur les exportations et de réduire les excédents qui financent le déficit budgétaire du Nord. Ils peuvent choisir un développement plus tourné vers leurs marchés intérieurs en recherchant l’alliance avec les classes moyennes et une stabilisation de leurs classes ouvrières. A partir de fin 2008, le choix sera ouvert dans l’économie mondiale entre une hypothèse inflationniste ou la récession.
 
La crise de l’hégémonie états-unienne s’approfondit rapidement. Il y a trois ans, Immanuel Wallerstein dans un article marquant avançait que les Etats-Unis, même s’ils restaient dominants, avaient perdu l’hégémonie idéologique, l’hégémonie économique, l’hégémonie politique. Il leur restait l’hégémonie militaire qu’ils comptaient bien utiliser. L’évolution de la guerre en Irak, en fragilisant l’hégémonie militaire, renforce cette tendance. Plus les Etats-Unis s’enlisent, plus ils sont tentés par la surenchère et tentent la fuite en avant dans la déstabilisation générale par la guerre sans fin. Wallerstein précisait aussi que la force des Etats-Unis est de capitaliser sur leur faiblesse ; ils restent la seule superpuissance fonctionnelle et les autres, UE, Russie, Chine, etc. ne peuvent pas s’en désintéresser car les conséquences pour eux seraient beaucoup plus grave. Il faut insister sur la différence entre hégémonie et domination et sur la réussite de certaines offensives ; par exemple, la capacité d’imposer, dans le débat mondial, la prétendue guerre des civilisations qui sert de fondement idéologique à la domination militaire et aux politiques sécuritaires qui alimentent le racisme sous toutes ses formes. La lutte contre la prétendue guerre des civilisations et la très réelle guerre sans fin constituent une des priorités du mouvement altermondialiste.
Les Etats-Unis restent la superpuissance dominante mais doivent faire face à une remise en cause grandissante. Cette situation a des conséquences importantes sur le système international. La crise de l’hégémonie empêche la consolidation du cadre institutionnel du néolibéralisme, remet en cause le multilatéralisme et affaiblit les institutions internationales. La Banque Mondiale est confrontée à une perte de crédibilité que la nomination de Wolfowicz à sa tête a accentuée. Le FMI, affaibli par les remboursements anticipés, se trouve au bord de la faillite et en perte de vitesse. L’OMC, si elle continue de représenter une référence et une cohérence, est affaiblie par les accords bilatéraux. Il s’agit de renforcer la contestation des institutions financières et commerciales qui sont des maillons faibles du système international. La contestation de ces institutions doit mettre l’accent sur notre conception du multilatéralisme, la régulation publique du système international, les institutions financières internationales que nous préconisons.
Les grandes entreprises multinationales restent des acteurs majeurs de l’économie mondiale. Elles n’ont toujours pas la capacité de diriger directement le monde et doivent passer par les gouvernements et les institutions internationales. La crise du néolibéralisme se traduit dans des hésitations et une certaine confusion du front des acteurs économiques. L ‘affichage est toujours dans la réaffirmation du consensus de Washington et de l’ajustement structurel, mais la confiance faiblit. Davos commence à rejoindre la Trilatérale dans un passé brumeux. Le G8 tient lieu d’espace de règlements des contradictions entre des puissances dominantes qui sont toujours craintes mais qui suscitent plus de méfiance que d’adhésion. D’autant que le recours militaire s’enlise et que l’OTAN est décriée. Les Nations Unies sont toujours contestées mais ne sont pas liquidées. Le droit international est le siège d’un affrontement essentiel entre le droit des affaires et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le mouvement altermondialiste devrait accentuer sa contestation du G8 et de l’OTAN et réaffirmer sa revendication d’une réforme radicale des Nations Unies mettant en avant la primauté du droit international fondé sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

L’évolution des grandes régions se différencie, d’autant que les réponses de chaque région à la crise de l’hégémonie américaine sont différentes. Cette configuration définit les lignes de force d’une carte géopolitique multipolaire. Nous ne sommes plus dans la période de la décolonisation et de la convergence anti-impérialiste. En Asie du Sud, notamment en Chine et en Inde, c’est par la compétition économique que se fait la réponse à la crise de l’hégémonie américaine. Il ne s’agit pas d’une réponse anticapitaliste ou même anti-libérale, mais elle est anti-hégémonique. La situation est complexe, la Chine notamment est concurrente des Etats-Unis mais elle en a aussi besoin. Au Moyen Orient, la réponse passe par la remise en cause des options militaires dans l’accès aux ressources énergétiques et par les guerres à travers toutes leurs variantes. Les Etats-Unis peuvent encore modifier, calibrer leur intervention militaire, comme le suggère le dit plan Baker-Hamilton. Ils peuvent rester hégémoniques tout en changeant la tactique de leur intervention. La troisième réponse est celle de l’Amérique latine ; elle correspond à l’émergence d’un mouvement continental « civique » qui est une phase de démocratisation et de construction de régimes qui rejettent l’hégémonie américaine. L’Afrique est encore paralysée par les guerres, les conflits, les régimes imposés et les influences concurrentes ; le mouvement social africain commence à se dégager et à s’affirmer. L’Europe et le Japon sont englués dans leur alliance stratégique avec les Etats-Unis qui se répercute dans les contradictions internes des situations nationales. Le réseau Alter-Inter a été construit de manière à regrouper des acteurs non-gouvernementaux ancrés dans les régions stratégiques.
La crise de l’hégémonie états-unienne libère, dans chaque grande région, la concurrence entre les puissances régionales qui entendent construire leur zone d’influence. Ainsi du conflit entre l’Inde et le Pakistan pour l’Asie, des affrontements entre Israël, l’Iran, la Turquie et l’Arabie Saoudite au moyen Orient. La nouvelle course au nucléaire militaire en découle directement ; comme la précédente avait marqué l’équilibre de l’après-guerre et l’accès aux sièges permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le refus d’envisager un désarmement nucléaire généralisé rend peu crédible la capacité des puissances nucléaires à en empêcher l’accès par le droit international. Cette concurrence pour le statut de puissance régionale exacerbe les conflits internes et la manipulation des recours à l’ethnicisme, au tribalisme comme instruments de gestion politique par les couches dirigeantes dans chaque pays et chaque région. Elle pose, en fonction des situations, la très difficile question des rapports entre les mouvements sociaux et citoyens et les mouvements « islamistes ». La lutte contre la guerre est aussi une lutte pour la paix et contre les discriminations, pour la prévention et le règlement des conflits. De même que la transformation sociale est inséparable de la reconstruction dans les périodes post-conflits.
L’évolution politique liée au néolibéralisme se différencie suivant les pays. Dans de nombreuses régions du Sud, en Amérique Latine et en Asie, notamment en Inde, les dégâts de la mondialisation néolibérale conduit à des ouvertures vers des alliances qui combinent des politiques qui s’inscrivent dans le cours du capitalisme mais avec des visées anti-hégémoniques.
Dans les pays du Nord, la convergence de l’extrême droite et de larges courants de la droite conduit à la mise en avant d’une droite extrême. Cette alliance est une réponse aux mouvements des années quatre vingt dix (94 en Italie, 95 en France, 96 en Allemagne et aux Etats-Unis). Les dominants, les possédants et les privilégiés ont choisi la manière forte pour faire face aux résistances sociales, citoyennes et à celle des peuples dominés. L’Italie de Berlusconi en est une des illustrations, prémonitoire en quelque sorte. Le basculement d’une large partie de l’Europe (Autriche, Pays-Bas, Danemark, etc.) marque le succès de cette droite extrême qui s’inscrit dans l’évolution des Etats-Unis de Bush. La France expérimente un régime bonapartiste qui est la version française du populisme. Il faut noter les mêmes dérives populistes de droite au Canada, au Mexique, en Indonésie et plusieurs autres pays.
Le succès de la droite extrême se fait en deux temps : construire une extrême droite et contraindre la droite à passer alliance avec cette extrême droite. La droite extrême a réussi à déplacer l’échiquier politique vers l’extrême droite en plaçant le débat sur l’insécurité, l’immigration et la xénophobie. Ce sont les terrains qu’elle laboure depuis vingt-cinq ans. C’est dans la bataille des idées que se construit, en vingt-cinq ans, cette alternative fascisante construite sur le recours au parti de l’ordre. Les clubs qui ont préparé l’avènement de Thatcher puis de Reagan, comme le Club de l’Horloge en France, les courants évangélistes de droite et les franges rigoristes des différentes religions lancent une première offensive contre l’égalité à partir de la justification génétique des différences, des races et des inégalités. La deuxième vague d’offensive idéologique rejette sur les pauvres et les exclus la responsabilité de leur situation et propose de combattre l’insécurité et les incivilités par la répression et le fichage génétique généralisé. La bataille idéologique majeure est celle qui doit être menée sur les plans philosophiques, scientifiques, politiques et culturels contre cette idéologie néo-conservatrice ; c’est une des tâches majeures du mouvement altermondialiste.
La gauche traditionnelle a accentué sa posture de parti de gouvernement et n’a pas réussi à imposer son terrain. Elle a toujours préféré l’alternance à l’alternative. La social démocratie a perdu sa capacité à représenter un réel projet de transformation sociale. Il lui reste une position stable, c’est une posture « blairiste », en ne le prenant pas au sens caricatural et en admettant qu’il peut y avoir une posture moins atlantiste ou moins « bushiste » et en cherchant à combiner l’acceptation néo-libérale avec une relance de services publics. Elle est confrontée à une recomposition interne qui combine trois courants qui cohabitent, avec différentes articulations, dans tous les partis et les mouvances de la gauche. Proposons de distinguer : un courant « blairiste » tenté par un libéralisme mondial, un courant régulationniste et keynésien plus attaché à l’Etat social, un courant altermondialiste à la recherche d’une alternative nouvelle.
 
 
Source : ATTAC France
 
 
Partager cet article
Repost0
13 juillet 2006 4 13 /07 /juillet /2006 13:30
Les migrations constituent une réalité ancienne mais aussi de plus en plus forte des rapports entre l’Afrique et l’Europe. Ces échanges sont d’abord une chance, une source d’enrichissement culturel, social et économique pour nos deux continents. Mais ils sont, aussi, la source de profonds déséquilibres, voire de drames humains. Faute d’une régulation concertée entre pays d’origine, de transit et de destination – sachant que la plupart de nos pays sont à la fois à l’origine, au transit et à la destination des flux migratoires -, ces déséquilibres deviennent préoccupants pour tous. Sont alors menacés, en Afrique comme en Europe, des éléments aussi essentiels que la dignité des personnes, le respect de la souveraineté des Etats, la stabilité du tissu économique et social ou la garantie de l’ordre public face au crime organisé.
Autant d’éléments décisifs pour la stabilité et le progrès de chacun de nos pays. Autant de dimensions indissociables du partenariat pour le développement entre l’Europe et l’Afrique.
C’est parce que nous savons que le destin de chacun de nos pays est entremêlé, que nous souhaitons nous donner les moyens de mettre en place un partenariat entre pays africains et européens situés tout au long des routes migratoires.
 
L'Afrique est un jeune continent dont près de 60% de la population a moins de 25 ans. Cette jeunesse, moteur du développement économique et social, doit pouvoir laisser les chemins incertains et périlleux de la clandestinité en retrouvant confiance et espoir en l'avenir. Dans cette perspective, il est urgent d'instaurer une coopération nouvelle entre l’Afrique et l’Europe visant la mise en œuvre rapide d'initiatives concrètes dans les champs des politiques migratoires et du développement. Concernant les flux migratoires irréguliers, ils s’alimentent de facteurs structurels puissants, qui opèrent à la fois dans les sociétés d’origine et d’accueil et ont une motivation à forte dominante économique et sociale, et ils se caractérisent par: l’utilisation de routes terrestres et maritimes structurées – souvent contrôlées par les réseaux de trafics illicites - et la traversée de différents pays et entrée sur le territoire européen dans des conditions extrêmement précaires et dangereuses, qui, bien souvent, se traduisent par des pertes en vies humaines.
 
Dans un tel contexte de précarité humanitaire, et étant donné la spécificité des routes migratoires ayant leur origine en Afrique subsaharienne, l’organisation d’une conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, revêt tout son sens. L’initiative, qui part d’une vision globale du processus migratoire et, en particulier, des liens indissociables entre développement et immigration, vise à apporter une réponse globale et urgente à la problématique migratoire entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, sur la base d’un partenariat entre pays d’origine, de transit et de destination. Cette réponse globale devrait notamment aborder les problèmes de développement structurel à l’origine de la tendance à l’émigration, le travail avec les populations de migrants et les diasporas en tant que facteur de développement, de modernisation et d’innovation dans les sociétés d’origine, le renforcement des capacités des pays d’origine et de transit pour gérer les flux migratoires, l’intensification de la lutte contre l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains, y compris la réadmission des immigrants illégaux, l’amélioration de voies légales à l’immigration, et la mise en œuvre d’une politique active d’intégration et de lutte contre l’exclusion, la xénophobie et le racisme dans les sociétés d’accueil.
 
A travers la mise en place de mécanismes agréés et appropriés, et la mise en œuvre d’actions complémentaires, cette Conférence entend initier un partenariat novateur, basé sur la confiance mutuelle, sur la problématique migratoire entre les pays d’origine, de transit et de destination en vue d’atteindre les objectifs suivants :
1. Définition des bases d’une coopération effective de tous les pays et les organisations concernées, pour une gestion efficace des flux migratoires.
2. Institution d’un politique rénovée et novatrice en matière de développement en lien avec les questions migratoires.
3. Arrêt d’un Plan d’Actions Concrètes.
4. Identification des moyens nécessaires à la mise en œuvre rapide des actions décidées.
5. Mise en place d’un mécanisme de suivi pour veiller à la réalisation des actions retenues.
 
L’organisation de ces flux exige, par conséquent, une réponse abordant, dans une perspective globale et équilibrée, les différents aspects et les diverses phases du processus migratoire dans sa globalité, dans le cadre d’une démarche impliquant les pays d’origine, de transit et de destination. Cette réponse devra reposer sur la bonne utilisation des mécanismes et financements existant, pour tenir compte de la nécessité de faire appel à des fonds spécifiques et suffisants afin d’atteindre de façon optimale les objectifs visés. Le financement des actions arrêtées suppose que
des moyens adéquats puisse être dégagés, notamment au niveau communautaire, conformément aux Conclusions du Conseil Européen de décembre 2005 et sans préjudice de programmations budgétaires déjà ouvertes.
 
Afin d’atteindre ces objectifs, la Conférence entend s’appuyer sur la longue dynamique de coopération entre l’Union européenne, ses États membres, et les pays d’origine et de transit de l’immigration africaine, et souhaite être à l'origine d'initiatives complémentaires. La Conférence de Rabat s'inscrit dans le cadre du dialogue de haut niveau institué au sein des organes onusiens et entend entrer en synergie avec les autres initiatives euro-africaines en cours et comprenant un volet sur les migrations, notamment le Partenariat stratégique Union Européenne – Afrique, l’approche globale sur la question des migrations de l’UE, les accords de Cotonou, le Processus euro-méditerranéen, la politique de voisinage de l’UE, et le Dialogue 5+5.
 
La conférence ministérielle de Rabat a pour vocation de faire naître un partenariat tout au long des routes migratoires depuis l’Afrique centrale et occidentale vers l’Europe. Dans l’esprit des participants, ce concept opérationnel a vocation à trouver application pour d’autres routes migratoires, par exemple celles venant d’Afrique orientale.
 
I. Coopération en matière de gestion des flux migratoires
 
Une approche cohérente de la gestion du phénomène migratoire doit partir d’une double constatation : la première est que les flux migratoires peuvent être positifs pour les sociétés concernées s’ils sont correctement maîtrisés selon un principe d’intérêt partagé et régulés de manière concertée, mais qu’ils peuvent avoir des effets nocifs s’il se produisent dans un contexte de clandestinité, représentant alors des coûts énormes en termes de souffrance humaine et de déstabilisation des sociétés d’origine, de transit et de destination ; la deuxième constatation est que le phénomène migratoire crée une relation étroite entre tous les pays concernés, relation qui, en Afrique, se concrétise notamment par la mise en place de routes migratoires favorisant le trafic d’êtres humains et l’action des mafias.
 
À ce titre, la Conférence entend impulser la coopération notamment dans les directions suivantes :
1. La coopération opérationnelle (coopération policière, échanges de renseignement, entraide judiciaire, officiers de liaison, etc.) entre tous les pays concernés par la lutte contre l'immigration illégale, le trafic des êtres humains et le crime organisé devrait être à même de générer des résultats probants notamment en matière de démantèlement des réseaux des trafics transfrontaliers. Le renforcement des capacités financières, logistiques, techniques, matérielles et humaines pour maîtriser les flux migratoires devrait permettre aux pays africains d'adapter leur moyen à la mesure de l'ampleur du phénomène de l'immigration illégale (fusion des paragraphes 1 et 3 de l'ancienne version).
2. Le contrôle du territoire et des frontières, dans le respect de la souveraineté nationale, relève de la responsabilité de chaque État et est essentiel pour mieux contribuer au démantèlement des réseaux et des itinéraires de la migration illégale, du trafic des êtres humains et du crime organisé, notamment par l’appui technique et la formation continue.
3. La coopération pour le retour des personnes en situation irrégulière dans leur pays d'origine dans le respect des droits et de la dignité humaine, notamment à travers la conclusion d'Accords de réadmission avec tous les pays concernés de la région, et l’application effective de l’article 13 de l’Accord de Cotonou ou de tout autre accord similaire, devrait être privilégiée afin d'assurer une pleine efficacité au traitement de cette question.
4. La mise en œuvre d'actions efficaces contre les structures d'accueil favorisant le travail non-déclaré devrait se traduire par l'adoption de politiques volontaristes et appropriées de prévention et de lutte contre le travail illégal et les réseaux de trafics de personnes, facteur important des migrations irrégulières vers les pays européens.
5. La mise en place d'un arsenal juridique national adapté, notamment à travers le renforcement du cadre pénal, lorsque nécessaire, et l’adoption de sanctions dissuasives à l'égard des mafias organisant l'exploitation des immigrés, est indispensable.
6. Le lancement dans les pays d’origine de campagnes de sensibilisation sur les dangers de l’immigration clandestine.
 
L’ensemble des ces actions doit être traité dans le cadre d’un partenariat responsable et solidaire, avec détermination en même temps que dans le respect des personnes, de leurs droits et de leur dignité.
 
II. Coopération en matière de développement et co-développement
 
Le renforcement des capacités administratives et judiciaires et de la bonne gouvernance dans les pays africains est nécessaire pour la création d’un climat favorable au développement économique et à l’investissement étranger et local. La gestion des flux migratoires entre l’Afrique et l’Europe doit en premier lieu, s’inscrire dans un partenariat de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement durable. La poursuite des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’application des Accords de Cotonou, la Stratégie européenne pour l’Afrique qui vient d’être adoptée sont – entre autres - des fondements de ce partenariat euro-africain. Ainsi, le développement durable et la réduction du fossé numérique, le renforcement des capacités alimentaires, sanitaires et médicales, l’accès à l’éducation et à l’enseignement professionnel, contribuent au développement local et partant, à répondre aux causes profondes des migrations.
 
Pour mieux atteindre ces objectifs, il s’avère nécessaire de mieux utiliser le potentiel de l’émigration comme facteur de développement, de modernisation, et d’innovation des sociétés d’origine, en facilitant les transferts, la formation et la qualification professionnelle des immigrants, la facilitation du retour volontaire à travers la promotion des projets de réinsertion économique dans les pays d’origine, et le renforcement des liens entre les diasporas et les sociétés d’origine. Les conclusions sur la coopération et le co-développement adoptées récemment à Paris au sein de la Conférence Ministérielle du Dialogue 5 + 5 offrent une approche cohérente dans ce domaine.
 
Sur cette base, la Conférence entend travailler pour atteindre les objectifs suivants :
1. La problématique migratoire doit être appréhendée en termes de mobilité de compétences et des ressources humaines. Une meilleure concertation entre les pays membres de l’UE et les pays africains, de même que la promotion de l'émigration légale et la facilitation des visas, s’avèrent à ce titre nécessaire.
2. L'accès au marché du travail européen, notamment à travers la mise en place d'un mécanisme d’échange d’information des besoins européens et africains en la matière, permettrait d’optimiser le potentiel des migrations de longue durée, circulaires, et temporaires.
3. La promotion d’initiatives favorisant les investissements productifs (y compris ceux qui sont portés par les migrants) tendant au développement et à la stabilité politique des pays d’Afrique.
4. Le développement des connaissances et du savoir-faire africain dans tous les domaines, de même que la mise en œuvre d’un dispositif favorisant le transfert des capitaux privés des immigrants à des fins productives, représentent quelques initiatives qui contribueraient à alimenter et soutenir le développement du continent. A travers les transferts de compétences et de revenus vers l’Afrique, la contribution des immigrants africains jouerait un rôle de premier plan dans le développement des pays d'origines.
5. La coopération tripartite avec les pays membres de l'UE devrait être intensifiée afin d'impliquer davantage les pays africains ayant des compétences ciblées, et parfois mieux adaptées aux atouts et défis de développement de l'Afrique.
6. La mise en œuvre d'une stratégie en faveur d’une migration, conçue dans une perspective d’intérêts partagés, d’une lutte contre les stéréotypes, la xénophobie et le racisme s’avère fondamentale. Dans cette perspective, les médias pourraient jouer un rôle effectif dans l'intégration des émigrants, facteur de développement et vecteur de rapprochement entre les peuples, notamment par la mise en exergue des aspects positifs de l'immigration tel l'apport culturel et social du migrant dans les sociétés d'accueil. L’émigration ne devrait pas être perçue comme une menace mais au contraire comme une source d’enrichissement, tant pour le pays d’accueil que pour le pays d’origine.
 
La conférence a donné lieu à l’adoption d’un plan d’action et d’une déclaration politique par les participants. La France a fait des propositions pour la mise en œuvre du plan d’action. L’objectif de fond de la conférence de Rabat est dapporter des solutions concrètes, efficaces et durables au défi des flux migratoires grâce à une approche commune, globale et équilibrée.
 

Les pays africains acceptent de s'impliquer dans le contrôle des flux migratoires illégaux

 

 

Existe-t-il un "esprit de Rabat", mélange d'œcuménisme et de volontariat, comme l'a suggéré le ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, lundi 10 juillet, peu après l'ouverture dans la capitale marocaine de la conférence ministérielle euro-africaine sur "la migration et le développement" ? C'est sans doute aller un peu vite mais, pour l'Espagne, marraine de la rencontre, comme pour la France , l'objectif est atteint. La trentaine de pays d'Afrique centrale et de l'Ouest présents à Rabat a accepté - au moins sur le papier - de s'impliquer sans tarder dans la lutte contre les flux de migrants illégaux.

 

 

Le texte de la déclaration politique clôturant, mardi, la réunion précise ainsi que "la réadmission des migrants en situation irrégulière" fait partie des thèmes du "nouveau partenariat" entre l'Europe et l'Afrique. Le plan d'action qui l'accompagne prévoit la "mise en place (de) systèmes efficaces de réadmission (des clandestins) entre (tous) les pays concernés (...) ; le renforcement de la capacité de contrôle des frontières nationales (et une) coopération opérationnelle policière et judiciaire".

 

 

Pour n'être pas accusés de privilégier le volet sécuritaire sur toute autre considération, les pays européens ont pris soin d'élargir la conférence aux questions de développement. Le plan d'action met ainsi l'accent sur la "promotion du développement" et comporte aussi des engagements destinés à faciliter l'émigration légale.

 

 

Présent à Rabat, le ministre français de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, en a profité pour défendre son projet d'"immigration choisie" fondé sur "un accord de volonté" entre les pays de départ et d'arrivée. Soulignant que "l'immigration zéro est un mythe dangereux", il a simultanément rejeté l'idée "d'une immigration sans limite".

 

Un bilan du partenariat ébauché à Rabat sera fait "au plus tard dans quatre ans". Avant cela, une conférence intitulée "Migration et développement" pourrait avoir lieu à Tripoli. Organisée sous l'égide de l'Union africaine, elle abordera la question des migrations en provenance des pays d'Afrique de l'Est, oubliés à Rabat.

 

 

Jean-Pierre Tuquoi

 

Article paru dans Le Monde du 12.07.06

 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2006 1 15 /05 /mai /2006 12:12
Par Sylvain Ahouankon* (Bénin)
 
Pendant longtemps, l’on a pensé que la solution aux problèmes de développement passe principalement par l’apport d’importantes ressources financières et matérielles aux différents pays africains. Les résultats économiques mitigés voire décevants, parfois catastrophiques enregistrés ça et là sur le continent, ont montré les limites d’une telle approche. A l’analyse, l’on s’est vite rendu compte que les Africains avaient autant besoin de capitaux que de formation. Dans bien des cas, la formation apparaît même comme un préalable à tout effort de développement sérieux. Il est donc banal d’affirmer que c’est lorsque la situation économique est la plus difficile que la formation s’avère la plus nécessaire. Quels sont alors les  éléments de base  d’une négociation et comment tendre vers une parfaite négociation ?
 
La négociation d’entreprise est un phénomène récent qui concerne l’ensemble de la Gestion des Ressources Humaines et favorise l’adoption de solutions adaptées à des problèmes concrets. Les acteurs de cette négociation sont ceux qui sont directement impliqués dans le processus de la négociation. Ils sont à la fois adversaires, à cause de leurs divergences, et partenaires puisqu’ils se rencontrent pour rechercher un arrangement. Ils ont à la fois des intérêts communs et opposés. C’est ce dialecte d’intérêts en partie divergents qui va caractériser la dynamique de la négociation. Celle-ci peut être envisagée comme  une suite de transaction entre des acteurs interdépendants dans laquelle chacun cherche à optimiser ses gains et à minimiser ses pertes.
 
La  divergence apparaît lorsque des individus en contact se comprennent mal. Mais les divergences qui fondent les conflits ne sont ni pathologiques ni le résultat d’un accident ou d’une mauvaise organisation, elles sont omniprésentes et inévitables dans le procès des interactions sociales. Les divergences sont partout présentes pour plusieurs raisons. En premier lieu, les individus et les groupes, tant dans les organisations qu’en dehors d’elles, sont confrontés à une quantité limitée de ressources en terme de biens, de services ou de pouvoirs. En second lieu, les situations sociales sont des situations d’échanges, les individus qui y sont impliqués y apportent une contribution et en attendent une rétribution en des termes quelconques. Ils chercheront en général à optimiser la rétribution attendue et à minimiser la contribution apportée selon la valeur qu’ils y attachent. En troisième lieu, dans tout système d’organisation formel ou informel, il existe une opposition permanente entre ceux qui dirigent et qui prennent les décisions impliquant l’organisation dans sa totalité ou qui répartissent les entrées, et ceux qui sont à la table de négociation. Par ailleurs, l’arrangement vient de ce que, un autre état peut être préférable à l’état actuel. Ainsi, pour qu’il y ait négociation, il faut trois  éléments fondamentaux : les personnes pour s’asseoir, échanger ; ensuite des différences de vue  et enfin le but commun de trouver un compromis.
 
L’élément fondamental à maîtriser est l’outil numéro un des négociations : le vocabulaire, qui trop souvent se transforme en boomerang dans les relations sociales. Quand l’on annonce qu’un acteur est prêt à dialoguer, c’est dans son langage qu’il le fait. Mais puisque l’on est « en guerre », on ne le comprend pas. Le vocabulaire peut être un outil ou un obstacle aux relations sociales. Les mots sont changés d’un sens idéologique qui rend les échanges parfois impossibles. Le travail des médiateurs dans les conflits consiste souvent à traduire avec d’autres mots les propositions de chaque partie.
 
Longtemps la méconnaissance des principes d’économie de la part des délégués aussi bien que de l’encadrement a contribué à transformer les relations sociales en dialogue de sourds. La mauvaise foi que chacun prête, si volontiers, à l’autre provient souvent du fait que chacun comprend différemment les mêmes mots. Les mêmes mots évoquent systématiquement des concepts opposés. La formation des dirigeants et de l’encadrement dans les séminaires organisés par les entreprises et celle prodiguée par les stages syndicaux, contribuent à élargir le fossé d’incompréhension. Le même mot désigne pour l’un, un outil et pour l’autre une arme. Définissons régulièrement les mots que nous utilisons, n’hésitons pas à nous répéter, ajoutons des lexiques et des exemples concrets aux accords, bien des quiproquos disparaîtront. Cet exercice de style incite les directions à introduire systématiquement dans tout accord un lexique, partie intégrante de l’accord, qui évitera de nombreux témoins et des contentieux.
 
Pétri d’une adaptabilité à une multiplicité de situations, le « parfait négociateur » doit avoir un excellent contact direct, une aisance dans les rapports de force, un optimisme à toute épreuve quand tout semble perdu, un pessimisme raisonné quand tout va trop bien. Il lui faut être courageux pour dire la vérité, avoir la langue dorée pour persuader, être habile pour enquêter et observer, devenir effronté et absurde quand tout est désespéré, être médiateur c'est-à-dire « au milieu des autres » quand des pôles d’intérêts le poussent ou le tirent contradictoirement à eux.
Il sait écouter, même quand personne ne l’écoute. Il sait observer sans se découvrir. Il maîtrise les techniques d’animation et de communication et s’intéresse aux nouvelles technologies. Il sait, avec un vocabulaire simple, partager sa culture économique. Il possède à un haut degré l’humour vis-à-vis des autres, vis-à-vis des situations et vis-à-vis de lui-même, ne serait-ce que pour constater ses manques dans la liste des qualités énoncées et continuer à négocier. Au cours de la négociation son attitude n’est  pas de « gagner » mais de rester maître du jeu pour atteindre les objectifs fixés dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés. Si certaines méthodes (attaques personnelles, fausses rumeurs, etc.) sont utilisées par des représentants d’organisation syndicales », il est toujours dangereux de vouloir, sous ce prétexte, utiliser les mêmes méthodes.  Les négociateurs sont les représentants de l’entreprise. Une direction qui instaure un code éthique qui exige honnêteté  et conscience professionnelle de ses collaborateurs, doit en faire la démonstration permanente, surtout dans une négociation face aux représentants du personnel. Rester maître du jeu, c’est une question de fond, d’attitude et de méthodes.
* Sylvain Ahouankon est Séminariste eudiste
Partager cet article
Repost0
29 mars 2006 3 29 /03 /mars /2006 19:35
Au
Président de la République du Bénin, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement
 
Par Adrien Ahanhanzo Glèlè
Ingénieur Agronome
Président de Transparency International Bénin
Mars 2006
 
« Sois pareil au promontoire que les flots battent sans répit :
Il tient bon, et autour de lui, s’épuise la fureur des vagues. »
Cicéron.
 
Monsieur le Président de la République,
Toutes les femmes et tous les hommes qui aiment profondément le Bénin, aiment et apprécient la révolution tranquille du peuple béninois qui vient de vous porter à la magistrature suprême. Lui seul et personne d’autre. Avec le concours du Dieu de tous les croyants.
Les attentes sont tellement énormes et tellement nombreuses, les urgences et les impatiences telles, qu’à vrai dire, il faut que le Bon Dieu lui-même descende du ciel pour vous accompagner de toute sa présence et de toute sa puissance. Et de la lumière, du discernement et de la sagesse de son Esprit-Saint. En vérité, tout est pire encore aujourd’hui qu’au matin du 1er Mars 1990, au départ de cette première Transition qui ouvrait les portes de la Nouvelle République. Depuis lors, il
nous a manqué l’essentiel : les Hommes. Nous voici au matin d’un nouveau départ : s’il n’est pas induit par une conférence Nationale des Forces Vives, il est néanmoins voulu, désiré, imposé par un peuple que nous avons souvent méprisé, exploité, piétiné, spolié, et qui a décidé de nous donner la leçon... Il a mis fin au système des choses, et vous symbolisez dorénavant sa nouvelle Espérance...
Vous n’avez pas le droit de le décevoir.
Vous n’aurez aucune excuse, de le décevoir.
Vous voici désormais SEUL, face à votre Destin : vous en ferez ce qu’il vous plaira d’en faire, parole de frère et d’ami.
 
Mais en vérité, vous ne serez jamais seul, pour peu que vous veuilliez bien « lever le nez du creux de votre ego » – [veuillez excuser l’impertinence ] – et de vous désencombrer de tous ces dévoreurs du peuple qui ont contraint nos malheureuses populations essoufflées à vouloir du changement à tous prix, mais pas à n’importe quel prix, pour rassembler, mobiliser et activer toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté qui rayonnent les quatre coins du Bénin : vous en avez la compétence et l’expérience, le management d’une Institution comme celle que vous présidiez encore il n’y a pas si longtemps que cela, vous y a longuement préparé. Il vous suffit ici du courage et de l’audace : il vous suffit de gouverner !... Des techniques modernes de gestion que vous maîtrisez parfaitement sont à votre disposition pour choisir les femmes et les hommes de bien qui vont vous accompagner dans une mission titanesque de développement.
Les Béninois ne vous demandent pas des miracles. Ils n’attendent pas de vous ce que vous n’avez pas. Mais ils veulent, avec vous, à votre suite et à votre exemple, entreprendre la longue marche qui les conduise à réaliser les vieux rêves de développement auxquels ils ont droit, en mettant en œuvre toutes nos ressources humaines, naturelles, spirituelles, éthiques.
Parce que le Bénin n’est pas pauvre, mais il a été appauvri : par une classe politique et une intelligentsia sans âme et sans conscience, et une coopération internationale incohérente et inutilement dispendieuse.
Vous n’avez pas d’amis. Le Chef n’a pas d’amis, le chef n’a des dettes de reconnaissance envers personne ! Ce sont les classiques de nos cultures et civilisations auxquelles l’on vous sait rompu. Mais il peut arriver que vous les oubliiez, vous ne serez pas le premier : comme en toutes ces circonstances, les faits et l’histoire auront vite fait de vous le rappeler... La révolution béninoise marxiste-léniniste n’est pas morte du fait des antirévolutionnaires, et le régime de Mathieu Kérékou n’est pas devenu un anti-modèle inopérant et contre-productif à cause des anti-Kérékou !... Les crises de la SONAPRA, du GSM, de la SONACOP, pour ne citer que celles-là, ce n’est pas le fait des ennemis de Mathieu Kérékou !...
Il faut également avoir le courage d’intégrer les vérités de vos adversaires. Votre adversaire du second tour, Maître Adrien HOUNGBÉDJI, a fait une déclaration après avoir déposé son bulletin dans l’urne le dimanche 19 Mars, à propos du soutien qu’il n’aurait pas beaucoup reçu de la part de la classe politique :
« Regardez-les disait-il, tous ceux qui soutiennent en face, ce sont les mêmes qui ont tué l’économie nationale de notre pays depuis 15 ans. Qui peut changer qui ? Qui peut changer quoi ? »...
Le peuple béninois qui veut le changement et qui a voté massivement pour « l’intrus » que vous étiez dans une classe politique corrompue jusqu’à la moelle pense sûrement que Maître HOUNGBÉDJI a parfaitement raison, au moins sur ce point précis, et je le pense aussi avec lui. Pour beaucoup d’analystes politiques et pour beaucoup de patriotes, après le 1er tour, vous n’aviez besoin de rien négocier avec qui que ce soit, et même une campagne du 2ème tour paraissait inutile !
Nous avons lu l’insulte de ces prétentieux qui titraient à la une d’une feuille de chou que « l’Alliance Machin avait porté Yayi BONI au pouvoir »... Le peuple béninois seul vous a porté au pouvoir, ayant dit à chacun de ceux qui veulent se coller à vous comme des sangsues, ce qu’il en pensait depuis le 5 Mars !
Votre slogan de Campagne rencontrait profondément le désir intime des béninoises et des béninois : le Changement.
Que faut-il changer ?
Avec quels hommes faire le Changement ?
Les Béninoises et les Béninois qui ne vous connaissent pas, et qui cependant vous ont déjà élu depuis le 05 Mars, vous ont déjà dit également ce qu’ils pensaient de ces hommes qui vont vous encombrer, vous entraver, et entraver le Changement dont ils n’ont jamais été capables. Nous les avons tous vus à l’œuvre, et celui qui doit beaucoup se marer de tout ce cirque, c’est le Président Kérékou, qui les connaît parfaitement, et qui les connaît encore mieux que Maître Adrien HOUNGBÉDJI n’en parle...
Il ne s’agit pas de mépriser qui que ce soit, naturellement. Il est essentiel que votre leadership nous ramène sur le terrain de la Rationalité, de la Vérité, de la Compétence, de l’Intégrité. Le jeu des soutiens intéressés est dépassé, cela aussi est un des messages du 5 Mars, et rentre dans les préoccupations du Changement voulu, attendu, désiré.
Il nous faut revenir ensemble à la Conférence Nationale et à l’esprit qui s’en est dégagé, notamment à propos de la gestion du pouvoir. Nous avons choisi la Démocratie et le libéralisme. Parce que, en dépit des innombrables défauts inhérents à ces deux systèmes, ce sont encore les meilleurs au monde qui garantissent les libertés essentielles, la créativité, les initiatives porteuses de bonheur et le développement. Et comme tous nos malheurs sont toujours venus d’un Exécutif qui se prend pour le Bon Dieu, nous avons décidé de créer des Institutions de contre-pouvoir. Il est ESSENTIEL que les attributions de toutes ces Institutions restent séparées, que chacune joue honnêtement sa partition. Depuis 1991, l’Exécutif n’a pas cessé de chercher à « contrôler » les autres Institutions de la République, le Chef de l’Etat veut une Assemblée Nationale qui lui soit totalement acquise, une HAAC qui se taise quand le Pouvoir gère avec fantaisie les services publics de la communication, que la Cour Constitutionnelle puisse dire une chose aujourd’hui et une autre chose le surlendemain au gré de l’humeur du Chef de l’Etat [qui a trouvé conforme à la Constitution que la prestation de serment en 2001 fût décalée de deux jours, passant du 4 au 6 Avril... mais qui en 2006, malgré des raisons qui crèvent les yeux, s’est opposée à l’avis de la même Cour Constitutionnelle de reculer le 2ème  tour de la Présidentielle de trois jours, sans que cela gène en rien aucun texte ! Mais le peuple a relevé le défi ! ].
Vous n’avez aucun besoin de chercher à contrôler les autres Institutions de la République. Au contraire, c’est en les respectant, en assurant leur totale autonomie de réflexions et d’actions, que vous les habituerez à travailler correctement, dans l’intérêt du même peuple que vous servez tous. Cela vous évitera aussi « des achats des députés pour faire passer » un texte mal conçu, mal ficelé, et cela évitera les humiliations que le peuple en a ressenties. Chaque Institution aura à cœur de produire un travail de qualité, et la Démocratie s’en trouvera renforcée. Les Institutions de la République sont devenues, à un moment donné, des « breloques de la République » qui ont perdu la confiance et la considération du peuple, ce qui n’a pas peu contribué à son ras-le-bol !
Le Président Mathieu Kérékou n’avait pas de parti politique, Charles de Gaulle non plus, et ils avaient raison. J’ai été de ceux qui ont préconisé la création d’un parti par le Président SOGLO qui n’en voulait pas, et j’ai contribué à la fondation de la Renaissance du Bénin, je le regrette. On a vite fait d’installer un clientélisme qui laisse de côté la crème et la fine fleur de la Nation, et on s’enferme dans les mêmes couloirs que le parti unique... Dans des pays comme les nôtres, il y a tellement de travail pour tout le monde, et le chômage est un gros scandale, parce que, avec le système des partis vont nécessairement les nominations politiques de gens médiocres et l’obligation d’alimenter les caisses des formations politiques. C’est l’une des causes du développement de la corruption. Finalement, le système des partis avec l’excès des formations politiques a tué le sens du parti et dévalorisé toutes les pratiques partisanes. Mais comment construire la Démocratie sans les partis politiques ? Une réflexion commune est à entamer sur le sujet : la Société Civile naissante et le peuple mûri par tant de misères ont imposé leurs volontés dans tout ce long processus électoral qui restera un moment historique de notre politique nationale.
On cherche en vain l’animation de la vie politique nationale par les partis, on a recherché en vain le poids et le concours des partis lors des scandales successifs de la SONAPRA, de la SONACOP, des GSM, de l’Affaire TITAN... L’Assemblée Nationale a montré son impuissance pour ne pas dire son refus « d’embarrasser » le Chef de l’Exécutif. On a tourné en rond. Les gens honnêtes ont du mal à travailler honnêtement, les délinquants défient tout le monde par leur arrogance et leurs marches de gens repus et intouchables. Et beaucoup d’entre eux ont aujourd’hui le culot de vous entourer, de vous encombrer et de faire chorus à la volonté populaire de changement.
QUI CHANGE QUI ?
QUI CHANGE QUOI ?
Tout cela que je vous dis n’est pas nouveau : il y a déjà un petit moment j’ai écrit les mêmes choses au Président Mathieu Kérékou à la faveur de l’honneur qu’il m’a fait de m’autoriser à lui dire, quand je le pourrais, tout ce qui n’allait pas... Mais prisonnier qu’il s’est fait d’un entourage mafieux et de gens à qui il croyait devoir quelque chose, il a continué de nommer à des postes de responsabilité ceux qui passeront le plus clair de leur temps à noircir les pages de l’histoire de son retour au pouvoir en 1996. Et aujourd’hui, il est seul pour ASSUMER devant le peuple et devant l’histoire. Il a oublié, j’espère que vous ne ferez pas la même erreur, que « la roche Tarpéienne est toujours très près du Capitole ».
Voilà, nous ne dirons pas tout aujourd’hui, nous serons à vos côtés pour vous dire les actions qui nous paraissent porteuses des changements et vous rappeler vos devoirs à l’égard du peuple... ainsi que vos promesses de campagnes, « ça va changer ». Nous ne vous priverons jamais de nos suggestions. C’est l’homme renouvelé, porté par la Foi, la Vision et l’Ambition, qui devra pouvoir accomplir les merveilles du Changement qu’attend le Peuple. Puisque nous sommes tous des croyants et que nous croyons que c’est Dieu qui a remis le Pouvoir qui lui appartient à un Néophyte de la Politique, ce même Dieu vous éclaire et vous fortifie de son Esprit-Saint sans lequel, nous ne pouvons rien faire !
N’ayez pas peur,
Il habite déjà votre solitude de chef !
Partager cet article
Repost0
20 mars 2006 1 20 /03 /mars /2006 18:22
Par Mathieu Dehoumon
 
Dans son rapport annuel (2005), le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR) relève que pour la quatrième année consécutive, les demandes d'asile dans les pays industrialisés ont fait une chute spectaculaire en 2005 avec 336.000 demandes d'asile déposées, soit 15% de moins qu'en 2004. La France reste le pays qui a reçu le plus de demandes.
 
Selon Ron Redmond, porte-parole du HCR, le nombre des demandeurs d'asile arrivés dans les pays industrialisés a baissé de moitié durant les cinq dernières années. Le rapport du HCR intitulé « Les demandes d'asile dans les pays industrialisés en 2005 », indique que le nombre de demandeurs d'asile, dans les 25 pays de l'Union européenne, mais également dans toute l'Europe, a atteint l'année dernière son niveau le plus bas depuis 1988.
 
Au Danemark et en Allemagne, le nombre des demandes d'asile n'a jamais été aussi bas depuis 1983, au Canada depuis 1985, en Suisse depuis 1986, au Royaume-Uni depuis 1993. Le premier responsable du HCR, António Guterres, déclare alors que « ces chiffres démontrent que le discours qui prévaut dans les pays industrialisés sur l'augmentation des problèmes liés à l'asile ne reflète pas la réalité ». En imposant des restrictions encore plus sévères sur les demandeurs d'asile, les pays industrialisés devraient se rendre compte qu’ils ferment la porte à des hommes, des femmes et des enfants qui fuient les persécutions.
 
Les demandes d'asile dans l'Union européenne ont baissé de 16% en 2005. La baisse la plus nette a été observée dans les 10 nouveaux pays membres de l'Union européenne, où les demandes ont décru de 35% - contre seulement 12% dans les 15 autres pays de l'Union européenne. La plus grande chute du nombre de demandes d'asile dans les cinq dernières années concerne les pays hors Europe. En 2005, le Canada et les Etats-Unis ont reçu 54% de demandes d'asile en moins qu'en 2001, alors que les dossiers en Australie et en Nouvelle-Zélande ont baissé de 75% pendant la même période.
 
En dépit d'une diminution de 15% l'an passé, la France reste le pays qui a reçu le plus de demandes d'asile en 2005, soit environ 50.000 demandes. Les Etats-Unis arrivent en deuxième position avec 48.800 dossiers. Le Royaume-Uni est au troisième rang avec 30.500 cas, suivi par l'Allemagne avec 28.900 demandes et l'Autriche avec 22.500 dossiers. Mais comment sont traitées ces demandes ? C’est ce qui est exprimé dans les principales préoccupations du HCR concernant l'accès au territoire et la procédure de détermination du statut de réfugié en France.
 
Au demeurant, le plus grand groupe de demandeurs d'asile en 2005 est originaire de Serbie-et-Monténégro, incluant les personnes originaires du Kosovo. Puis viennent les ressortissants de la Fédération de Russie, comprenant les demandeurs d'asile tchétchènes. La Chine occupe la troisième place, suivie par l'Iraq et la Turquie. Sur les dix nationalités d'origine des demandeurs d'asile, la proportion des Iraquiens et des Haïtiens a largement augmenté l'année passée, alors que le nombre de demandeurs d'asile afghans et turcs continuent à diminuer fortement.
Source : ONU
Partager cet article
Repost0
10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 19:39
Un témoignage de Maurice GRIOT
 
Le Forum Social Mondial Polycentrique de Bamako a rassemblé, au Mali, environ 20 000 participants, dont 10 000 Maliens, du 19 au 23 janvier 2006.
 
C’est le premier rassemblement des mouvements populaires africains : les agriculteurs du Mali, les délégués des diverses associations de ce pays étaient nombreux pour affirmer qu’ « un autre monde est possible ». Surtout la participation importante des femmes a frappé par son ampleur, tous les observateurs. Pendant 3 jours plus de 600 débats et ateliers ont permis aux participants d ‘échanger leurs expériences, d’élargir les horizons de leurs actions et d’insérer librement leurs propositions.
 
Nos amis africains ont su montrer leur dynamisme et leur militantisme pour construire un nouvel ordre social, économique et démocratique, une société plus juste et solidaire. Ainsi s’exprimaient-ils :
« Agriculteurs d’Afrique, nous sommes des sujets et non pas des instruments. Globalisons la lutte, mondialisons l’espoir. Ici les paysans constituent la majorité électorale, réclamons à nos gouvernants l’orientation de l’agriculture vers les besoins de nos pays », affirmait Ibrahima, délégué des AOPP, que nous avions reçu dans l’Isère en 2004.
Pour l’ONG Afrique Verte, partenaire du CCFD : « Le Sahel peut nourrir le Sahel ».
Une malienne, animatrice d’une petite coopérative : « Nous nous donnons toutes le même salaire, même si l’une d’entre nous va accoucher. Nous sommes sociales et humanitaires. »
Et sur un sujet d’actualité, largement évoqué : « Non à l’émigration choisie, qu’on nous propose, au service de l’économie du Nord. Cela va encore vider nos pays de ses cerveaux. »
 
Le CCFD, dont j’étais membre de la délégation à Bamako, a invité au Forum et financé le voyage de 38 partenaires d’Afrique et du monde, pour encourager leur travail en réseaux et renforcer le dialogue entre eux et leurs engagements dans la société civile de leur pays. Même si le continent africain rencontre d’énormes difficultés, trop souvent imposées par les pays du Nord, je rentre davantage persuadé que les gens du Sud ont beaucoup de bonnes idées à nous faire partager.
 
Source : Année 2006, n°1 2006, p. 2
Partager cet article
Repost0
2 février 2006 4 02 /02 /février /2006 14:23
 On ne saurait réellement parler de la laïcité sans chercher à cerner tout le contour de ce concept. Etymologiquement, le mot laïc vient du latin laïcus et désigne un chrétien baptisé qui ne fait pas partie du clergé[i]. Le clergé était l'un mais surtout le premier des trois ordres que composait la société à savoir, le clergé[ii], la noblesse[iii] et le tiers-état[iv].
 
Avec la révolution dont les premiers actes ont été la transformation des états généraux[v] en Assemblée nationale constitutive et la soumission des prêtres au respect de la constitution, le thème laïc prendra progressivement un nouveau sens : indépendant de toute confession religieuse, donc non plus simplement du clergé. Après de nombreux affrontements, le Concordat du 10 septembre 1801 vient consacrer le retrait de l'Église catholique des affaires de la république. La loi du 9 décembre 1905 va sonner le glas de l'hégémonie religieuse du XVIIIè siècle et la république sera désormais juridiquement fondée à assurer la liberté de conscience ainsi que l'exercice des cultes. Le laïcat[vi] sortira du giron de l'Église. On assistera à la laïcisation de l'école et des institutions de la république, autrement dit, la propagation d'un laïcisme qui remplace les religieux par des laïcs notamment dans l'enseignement et les structures de gestion du pays. En conséquence, le religieux doit observer une certaine neutralité vis-à-vis de la chose publique ou bien de l'espace public (désormais) républicain. La laïcité sera élevée au rang de principe constitutionnel en 1946 et 1958 pour lui garantir l'observation et le respect nécessaires.
 
Ceci me permet de faire observer qu'en fait, si on en était arrivé à la laïcité, c'était aussi à cause de l'indéniable influence de l'Eglise sur l'Etat (le roi) et que si aujourd'hui il y a de nombreuses joutes oratoires sur le sujet, c'est le fait d'une certaine concurrence entre le religieux et le politique. Mais quelle est l'application qui se fait aujourd'hui du principe de la laïcité en France ?
 
La laïcité tirée de l'article 1er de la Constitution de 1958 suppose autant la neutralité de l'Etat vis-à-vis du religieux que celle du religieux vis-à-vis du domaine public. Mais étant donné que les deux sont appelés à cohabiter dans certaines circonstances, force reste donnée à la loi, générale et impersonnelle. Le législateur va donc intervenir pour faire respecter la neutralité dans l'espace. Cette justement cette neutralité qui garantit à tous une certaine égalité, un droit à faire ou ne pas faire quelque chose, la liberté de croire ou de ne pas croire. Le propre du religieux tendant à exercer une certaine influence sur son environnement, la liberté de conscience de l'individu mérite d'être protégée.
 
En milieu scolaire, cette liberté a besoin d'être également protégée. Et c'est dans cette logique qu’est intervenue la loi sur l'interdiction des signes religieux dans les écoles, lycées et collèges publics, votée l'assemblée le 10 février 2004. Les signes interdits sont ceux ostensibles c'est-à-dire les signes et tenues dont le port conduit à se faire reconnaître immédiatement par son appartenance religieuse : ce sont les signes religieux par nature tels que le voile islamique ou la kippa. Les signes plus discrets tels que la croix, les étoiles de David ou les mains de Fatima sont autorisés. Mais comment cette loi s’applique-t-elle en Alsace-Moselle ? Ce département français a un statut particulier organisant la religion dans l'école publique. Ne risque-t-on pas d’être confronté à l’inapplicabilité de cette loi dans ce département ? De même, à Wallis-Futuna, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie française, quelle en est l'utilité sociale dans ces territoires où les populations n'ont pas forcément le même passé historique que leurs compatriotes du continent ?
 
Au demeurant, il convient d’attirer l’attention des uns et des autres sur le fait que entre la République et les Religions, il existe une vieille histoire d’amour que même les textes révolutionnaires ne sont pas encore prêts à oublier. Le cas de la Constitution en vigueur est illustratif. En effet, la Constitution actuelle intègre en son sein la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui, dans son Préambule, mentionne clairement que ladite déclaration est adoptée en présence et sous les auspices de l’Etre Suprême.
 
Mathieu Dehoumon
 


[i] Le clergé était catholique
[ii] Le clergé est composé du prélat et des curés
[iii] La noblesse regroupe les aristocrates et les ducs
[iv] Dans le Tiers-état, il y a les bourgeois, les ouvriers et les paysans
[v] Les états généraux devaient autoriser le Roi Louis XVI à lever les impôts exceptionnels pour faire face à la crise économique
[vi] C’est l’ensemble des laïques à l'intérieur de l'Église catholique
Partager cet article
Repost0