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22 novembre 2006 3 22 /11 /novembre /2006 18:18
Par Akam Akamayong
Un jeune camerounais a été retrouvé mort samedi 18 novembre 2006 dans un train d’atterrissage d’un avion Air France en provenance de l’île de Saint-Martin dans les Antilles. Un corps qui se trouvait là depuis probablement plusieurs jours. Et qui tombe en plein pendant la Journée mondiale de l’enfant ...
Une pratique malheureusement qui tend à se banaliser sur le continent, une de plus, qui ne reçoit aucun traitement ni prise de conscience appropriée, symptôme des aspects totalement agonisants des sociétés politiques africaines. Il n’y a rien de plus inquiétant que de voir tout un pan de la jeunesse se jeter à l’assaut d’une Europe, d’un monde occidental dans lesquels au mieux elle sera reléguée à la subalternitude, pourchassée pour raison d’illégalité de séjour et couverte de l’opprobre d’une origine qu’il ne fait pas bon porter par devers soi.
Cette tragédie commence en 1998 lorsque le monde découvre ce qu’il fait semblant de ne pas savoir. La destruction organisée de l’espoir dans les territoires de prédation occidentale, marqués par les plus criminelles des politiques d’ajustement structurel, et une paupérisation radicale des populations laborieuses, dans le contexte d’un étouffement politique maquillé de pluralisme électoral. En novembre 1998, à l’aéroport international de Zurich, le corps sans vie d’un camerounais de 15 ans tombe congelé sur la piste, échappé d’un train d’atterrissage du Boeing en provenance du Cameroun. Emotion, puis, plus rien.
Août 1999, aéroport de Bruxelles-Zaventem en Belgique. Fodé Touré Keita et Alacine Keita de 15 et 14 ans, vêtus de shorts et de chemisettes, chaussés de sandales avaient clandestinement embarqué dans le 747 Sabena, eux aussi avaient perdu la vie en tentant désespérément de croire follement à leur bonne étoile européenne. Camerounais, Guinéens, Congolais, Sénégalais ou autres jeunesses sont jetés dans l’errance par la violence économique confinant à l’horreur du sacrifice humain, laissant de côté tous ceux qui ne savent pas s’inscrire dans les réseaux délétères des rentes de matières premières et marchés publics, ceux dont le bras n’est pas assez long pour détourner quelques millions de Cfa. La crise de leadership intellectuel, moral, politique rend toutes les options, de la corruption, de la prostitution à la folie des traversées des mers ou à celles des trains d’atterrissage d’avions, également disponibles. Une jeunesse suicidaire est pourtant un gage de non avenir pour la société, mais le festin des avidités et les ripailles des ripoux ne sont pas prêts de s’arrêter.
Devant ces abattoirs humains, trains d’atterrissage, frontières à fils barbelés, ou plutôt asphyxie économique, les critiques stéréotypées des penseurs lassent et suscitent davantage la suspicion qu’autre chose. L’Afrique ne pourra pas se passer d’une grande initiative sur son destin, son avenir, celui de tous ses enfants dans le monde, sous peine d’une vraie gangrène de son être-au-monde. Il ne pourra plus s’agir des mêmes observations sur les dirigeants, les élites, les Occidentaux, argumentaires largement sassés et ressassés, impropres aujourd’hui à provoquer l’électrochoc nécessaire à remettre au moins le curseur de nos consciences sur l’indignation agissante, sur des initiatives de toutes natures et de tous lieux, en diaspora ou sur le continent, en politique, en économie, dans les arts et les spiritualités. Il faudra bien urgemment réagir devant cette jeunesse que l’on abat, cet avenir que nous nous interdisons en restant silencieux, complices ou attentistes, pusillanime ou apeurés.
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